À l’heure où s’ouvre le synode sur la famille, jamais la pression médiatique n’a autant pesé sur le Souverain Pontife, les pères synodaux et l’Église tout entière.À l’appel du pape François, les évêques entendaient sans doute rappeler l’indissolubilité du mariage chrétien pendant de cette seconde partie du synode sur la famille. Las, les médias en ont décidé autrement et les (hors-)sujets les plus divers caracolent déjà en tête de colonnes : avortement, euthanasie, mariage des prêtres ou accueil des homosexuels… Parmi eux combien concernent la famille ? Peu, trop peu.
Deux jours avant l’ouverture de l’assemblée épiscopale, le coming out du prêtre polonais Krzysztof Charamsa a donné le la : “Je voudrais dire au synode que l’amour homosexuel est un amour familial, qui a besoin de la famille”. Sa conférence de presse à Rome, devant un parterre de journalistes conquis et un compagnon attendri, samedi 3 octobre, a fait du bruit. Le Vatican, par la voix du père Federico Lombardi, a aussitôt dénoncé la démarche “offensive et irresponsable” du théologien et pointé l’habile opération de “pression médiatique sur l’assemblée synodale”.
Trop tard pour une presse enthousiasmée par la cause progressiste et attisée par le scandale : “L’accueil des homosexuels est l’une des questions posées aux évêques catholiques réunis pendant trois semaines à Rome”, résume Le Monde.
Quid des familles ?
“Les débats s’annoncent houleux tant les divisions sont profondes, croit savoir le Nouvel Obs : bien d’autres sujets [que l’homosexualité] divisent aussi l’Église, à commencer par la question cruciale des divorcés remariés.” Pour Jean-Louis de La Vaissière, spécialiste du Vatican interrogé par Le Point, l’objectif principal de l’Église est d’atténuer les divisions : “Des cardinaux ultra-conservateurs comme l’Américain Raymond Burke, des Africains et des Polonais sont peser la menace d’un schisme au sein de l’Église. À l’opposée, les Allemands ou les Autrichiens, sont en pointe pour réclamer l’autorisation de la communion des divorcés”.
À l’origine, ce synode devait être la conclusion d’un processus amorcé il y a deux ans lors de la distribution de formulaires, remplis par les fidèles du monde entier et remis à leurs assemblées épiscopales. Ce lundi matin, aux premières heures de ce nouveau sommet romain, aucune tribune ne se faisait véritablement l’écho des familles ordinaires dont les suggestions remontées jusqu’aux évêques sont aujourd’hui étouffées sous ce vacarme.
“Un synode n’est pas une assemblée politique”
Mais aussi forte soit la pression médiatique, seule compte la voix du Pape qui s’appuie sur celle des évêques. Pour Isabelle de Gaulmyn, journaliste au quotidien La Croix, ces provocations sont “totalement hors propos” car “un synode n’est pas une assemblée politique”, encore moins “un congrès de parti” qu’il s’agirait “d’influencer par un travail de lobbying”.
Au lendemain du scandale médiatique, l’homélie du pape François lors de la messe d’ouverture du synode, dimanche 4 octobre, a parfaitement illustré l’orientation qu’il faut attendre des réflexions à venir. Le Saint-Père soulignant que les lectures du jour, centrées sur “le drame de la solitude, l’amour entre l’homme et la femme, et la famille” semblaient avoir été choisies “spécialement pour l’événement de grâce qu’est en train de vivre l’Église”. Une déclaration fermant la porte aux interprétations, loin, très loin de l’hystérie médiatique ambiante.