À l’occasion de l’Année de la Miséricorde décrétée par le pape François, et qui commencera le 8 décembre 2015, Mgr Stanislas Lalanne, évêque de Pontoise et "Gardien de la Sainte Tunique", a décidé d’une ostentation exceptionnelle du vêtement.
150 000 pèlerins attendus
La dernière ostentation remonte à 1984 ; à l’époque elle avait attiré 80 000 pèlerins. L'année prochaine, l’événement coïncidera avec les 150 ans de la basilique et le 50e anniversaire du diocèse de Pontoise. Le curé et recteur de la basilique, le père Guy-Emmanuel Cariot se prépare à recevoir "plus de 150 000 pèlerins en 2016". La relique est vénérée en France depuis un millénaire et a vu des pèlerins aussi illustres que les rois de France Louis VII, saint Louis, François Ier, Henri III, Louis XIII, les reines Marie de Médicis et Anne d’Autriche.
"Ils ont tiré au sort mon vêtement"
Cette tunique, qui était à l’origine d’un seul tenant, correspond à la description qui en est faite dans l’Évangile selon saint Jean (Jn 19, 23-24) : "Quand les soldats eurent crucifié Jésus, ils prirent ses habits ; ils en firent quatre parts, une pour chaque soldat. Ils prirent aussi la tunique ; c’était une tunique sans couture, tissée tout d’une pièce de haut en bas. Alors ils se dirent entre eux : 'Ne la déchirons pas, désignons par le sort celui qui l’aura'. Ainsi s’accomplissait la parole de l’Écriture : ils se sont partagé mes habits ; ils ont tiré au sort mon vêtement. C’est bien ce que firent les soldats".
Elle a été déchirée pendant la Révolution, le curé d’Argenteuil l’ayant découpé en plusieurs morceaux et la confiant aux paroissiens pour échapper à la confiscation des biens de l’Église. Le prêtre a été emprisonné pendant deux ans, puis, une fois libéré, a rapiécé de son mieux la relique, mais une partie des pièces du vêtement n’a jamais été retrouvée.
En France depuis Charlemagne
La Tunique d’Argenteuil serait arrivée en France en l’an 800, l’année du sacre de Charlemagne, offerte en cadeau au nouvel empereur par l’impératrice Irène de Constantinople. C’est Charlemagne lui-même qui aurait confié la garde de la relique au monastère de l'Humilité-de-Notre-Dame d'Argenteuil, dont sa fille Théodrade était prieure. La tunique a connu de cette époque jusqu’à nos jours de nombreuses péripéties : cachée des Normands dans un mur, retrouvée par les Bénédictins de Saint-Denis… Sa dernière aventure remonte à 1983 : dérobée par un inconnu, elle fut mystérieusement restituée, contre la promesse de ne pas dénoncer le voleur.