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Dieudonné Nzapalainga, le lion en soutane

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Père Federico Trinchero - publié le 05/10/15
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Découvrez l’incroyable archevêque centrafricain de Bangui. La seule autorité crédible du pays. On ne trouve plus de lions en Centrafrique depuis longtemps. Ce n’est donc pas une destination particulièrement prisée de ceux qui veulent faire un safari au milieu de bêtes féroces et de paysages à couper le souffle. Mais si vous étiez en ce moment ici à Bangui, vous pourriez voir de vos propres yeux un lion qui se déplace sur les ruines d’un pays qui n’existe pratiquement plus. Le peu qui existait a été détruit. Le lion en question porte une calotte violette, une soutane noire et une croix toute simple autour du cou. Il ne rugit pas mais sert la main de tous. Peu importe qu’ils soient chrétiens ou musulmans. Le lion s’appelle Monseigneur Dieudonné Nzapalainga, le jeune archevêque de Bangui.

La ville de Bangui est paralysée depuis déjà cinq jours. Les échauffourées qui avaient incendié le pays entre la fin 2013 et le début 2014, après un énième coup d’état avorté, ont repris. Les affrontements ont été violents, incroyablement violents : des personnes égorgées, des maisons incendiées,  des pillages, des barricades dans les rues. Ceux qui vivent ici ne sont pas très étonnés. Ils savaient bien que la paix n’était pas encore là et que sous les cendres  brûlaient des charbons ardents. Et il a suffit d’une étincelle pour que l’enfer redémarre.

Et si Dieu n’était pas au courant de ce qui se passe en Centrafrique…

L’archevêque de Bangui est la seule autorité crédible du pays. Et probablement la seule qui pourrait éteindre l’incendie. C’est peut-être aussi la seule personne – à l’exception des soldats et des rebelles – à avoir le courage de sortir, en voiture et sans arme. Il n’a pas de gilet pare-balles, même s’il y a encore des échanges de coups de feu dans certaines zones. Il conduit lui-même sa voiture. Il va de quartier en quartier, de paroisse en paroisse, de camp de réfugiés en camp de réfugiés. Devant lui, même les rebelles les plus intransigeants lèvent les barricades qui bloquent les routes et le laissent passer. “Moi aussi je dois travailler !”, explique-t-il en souriant à ceux qui font des histoires et croient effectuer un travail plus utile que celui de l’évêque ; et les barricades s’ouvrent avant de se refermer de nouveau.

En quoi consiste le travail de l’archevêque de Bangui ? Il va là partout où quelqu’un souffre, où quelqu’un a dû fuir, où quelqu’un pleure un mort. Il demande à tous d’arrêter de se détester; puis il encourage et prie. Il dit à tous de rester à la maison– pour ceux qui en ont encore une –de ne pas sortir, parce que la ville n’est toujours pas sûre. Mais lui, en revanche, sort. Et il sème la paix dans un pays qui semble presque ne plus y croire. C’est peut-être ça, « l’Église en sortie » que souhaite le Pape François. S’il réussit à venir, d’ici exactement deux mois comme il l’a promis, il trouvera pour l’accueillir son digne collaborateur.

Nzapalainga” veut dire en sango, la langue de la République centrafricaine, “Dieu sait”. Que Dieu existe, ce n’est pas un sujet sur lequel les Centrafricains débattent avec véhémence comme on le fait en Europe depuis des siècles. Mais que Dieu sache véritablement ce qui se passe dans ce pays, d’aucuns commencent à en douter. Mais tous savent sans l’ombre d’un doute qu’un de ses meilleurs et plus courageux ambassadeurs se trouve parmi eux. Et ils lui ont tous serré la main.

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