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La France en mauvaise posture face à l’État islamique

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Philippe Oswald - publié le 03/10/15
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“Ennemi n°1 de l’Etat islamique” selon le juge Trévidic, la France cherche ses marques entre les Etats-Unis et la Russie. Au prix d’un “chemin de croix diplomatique” selon François d’Orcival.“Nous sommes devenus pour l’État islamique (EI) l’ennemi numéro un”, affirme le juge Marc Trévidici dans une interview exclusive à Paris Match. Ayant animé le Pôle judiciaire antiterroriste pendant dix ans, il vient de quitter ses fonctions pour devenir vice-président du tribunal de grande instance de Lille (Nord).

L’ancien juge antiterroriste ne mâche pas ses mots : selon lui, si la France est la cible prioritaire de l’EI, c’est parce qu’elle est devenue “l’allié numéro un des États-Unis dans la guerre contre Daesh et les filières djihadistes” avec ses raids au Mali, en Irak et maintenant en Syrie, parce qu’elle soutient ouvertement Israël, vend des armes aux pays arabes qui combattent les islamistes, notamment l’Égypte, enfin et surtout parce qu’elle “opprimerait délibérément son importante communauté musulmane”, selon les islamistes.

La France, cible idéale des islamistes

La France est beaucoup plus facile à frapper que les États-Unis : “Nous sommes particulièrement vulnérables du fait de notre position géographique, de la facilité d’entrer sur notre territoire pour tous les djihadistes d’origine européenne, ­Français ou non”. Or, avertit Marc Trévidic, “notre dispositif de lutte antiterroriste est devenu perméable, faillible, et n’a plus l’efficacité qu’il avait auparavant”. Et le juge de prophétiser un “11 septembre” dans l’Hexagone : “Je le dis en tant que technicien : les jours les plus sombres sont devant nous. La vraie guerre que l’EI entend porter sur notre sol n’a pas encore commencé”.

Selon diverses estimations, près de la moitié des djihadistes venus d’Europe pour combattre en Syrie et en Irak proviennent de France. “Avec plus de 900 individus impliqués, la France fournit le plus gros bataillon de djihadistes occidentaux, loin devant le Royaume-Uni (400 djihadistes), l’Allemagne (270) et la Belgique (250)” (Le Figaro). Parmi eux, environ 200 seraient revenus dans l’Hexagone.

Plainte contre un bourreau français

L’implication de Français dans les pires exactions de l’État islamique revient en tête de l’actualité avec une première judiciaire : la plainte déposée en France par les parents d’un jeune Syrien égorgé devant les caméras de Daesh contre le bourreau de leur fils, Maxime Hauchard, originaire de Normandie. Celui-ci a été identifié par les services de renseignement français comme étant l’un des djihadistes égorgeant un à un 18 otages (des prisonniers syriens et l’américain Peter Kassig) dans une vidéo insoutenable postée en novembre 2014 par l’État islamique.

L’enquête a révélé un élément particulièrement troublant dans les circonstances de l’enlèvement et de l’assassinat du jeune Syrien, un officier de cavalerie, dont les parents portent plainte contre Maxime Hauchard : “Ce garçon avait tout d’abord été fait prisonnier par les troupes de l’Armée syrienne libre avant d’être livré ensuite aux islamistes d’al-Nosra, puis à ceux de Daesh” (La Dépêche). De quoi conforter le ministre de la Défense russe lorsqu’il affirme aujourd’hui qu’il faut combattre “les terroristes” indistinctement sur le sol syrien (RFI).

Le gouvernement français cherche à sauver la face 

Déstabilisé par l’intervention russe aux côtés de Bachar el-Assad, et par la mollesse de la réaction américaine, le gouvernement français tente d’allumer un contre-feu en ouvrant une enquête préliminaire pour crimes contre l’humanité à l’encontre du régime syrien (Francetvinfo). Mais les difficultés auxquelles se heurte une telle enquête sont si nombreuses (prouver l’existence d’un Français parmi les victimes ou les bourreaux, convoquer les témoins, enfin et surtout…dissuader la Chine et de la Russie d’utiliser leurs droits de veto à un procès devant le tribunal pénal international) qu’on peut se demander s’il ne s’agit pas d’une simple gesticulation de la diplomatie française pour sauver la face.

Le fait est que notre diplomatie traverse un véritable “chemin de croix”, relève François d’Orcival dans Valeurs Actuelles. Depuis 2011, Paris a parié avec Washington sur l’effondrement de Bachar el-Assad alors que le dictateur a été soutenu de plus en plus vigoureusement par les Russes et par les Iraniens. Depuis, “Obama a bien compris qu’il n’aboutirait pas sans Poutine, alors que les deux peuvent parfaitement se passer de Hollande”.

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