La ville de Kunduz a été submergée par les combattants en quelques heures à peine, faisant craindre le retour de la guerre civile dans le pays.Ce jeudi 1er octobre, les combats se poursuivaient dans Kunduz. Les forces gouvernementales afghanes avaient déjà repris la majorité de la ville. Un habitant, joint par l’AFP, rapportait que des “combats sporadiques se déroulaient toujours jeudi matin dans certains quartiers”. Un autre, Abdul Rahman, cité par Le Point, ajoutait que le drapeau tricolore de l’Afghanistan avait remplacé la bannière blanche frappée de la chahada, la profession de foi musulmane, des talibans. Les corps de combattants islamistes jonchaient les rues, témoins des violents combats qui ont accompagné la reconquête dans la nuit de mercredi à jeudi.
Le pouvoir afghan inquiet
La ville de Kunduz, 300 000 habitants, contrôle la route du Tadjikistan. Sa prise a effrayé des milliers d’habitants qui, craignant un retour au pouvoir des fondamentalistes, ont pris la fuite. Elle est tombée en quelques heures à peine, à la façon de Mossoul en Irak : les forces de sécurité sur place n’ont pas tenu leur position. L’aéroport militaire de la ville a lui aussi été menacé un temps et les assaillants n’ont été repoussés que grâce à l’intervention des forces spéciales de la coalition appuyées par des frappes de l’aviation américaine. La prise, même provisoire, de cette ville stratégique représente un revers pour le président afghan Ashaf Ghani, en fonction depuis un an.
L’OTAN a dû intervenir
Théoriquement, la mission de l’OTAN en Afghanistan est finie depuis décembre 2014. Il ne reste de la force internationale sur place qu’une dizaine de milliers d’instructeurs. Mais face au retour en force des talibans, le gouvernement a dû faire appel aux forces internationales, démontrant la faiblesse de sa position.
Le premier succès du nouveau chef des talibans
De l’autre côté de l’échiquier, le mollah Akhtar Mansour, nouveau chef des talibans après l’annonce de la mort du mollah Omar, se réjouit d’une “grande victoire”. Les corps de ses combattants peuvent bien joncher les rues de Kunduz, il a démontré la fragilité de son adversaire. Il fanfaronne dans une annonce officielle, prévoyant d’étendre la guerre à d’autres régions : “Kaboul n’est qu’à 340 km de Kunduz. Si nous avons réussi à prendre Kunduz, Kaboul ne sera pas difficile à prendre”.
Une victoire de la propagande
Au prix de pertes apparemment importante, mais qui restent non chiffrées à l’heure actuelle, les talibans auraient vidé les coffres de la banque de Kunduz, après s’être emparés d’armement, incluant des véhicules de combat. Mais leur principal succès est plutôt de l’ordre de la propagande. En menant leur première action d’envergure depuis 2001, ils ont démontré qu’ils ont réussi à surmonter leurs divisions internes, et redevenir une force combattante qui menace la stabilité politique de tout un pays.