Les écoles chrétiennes ont rouvert leurs portes lundi 28 septembre, achevant trois semaines d’intenses protestations contre les coupes budgétaires du gouvernement. Au terme d’une intense mobilisation des écoles chrétiennes, le Bureau des Écoles Chrétiennes et le Ministère israélien de l’Éducation ont finalement trouvé un terrain d’entente. Les 33 000 écoliers de ces établissements peuvent enfin faire leur rentrée. Les déclarations rassurantes du ministère israélien de l’Éducation reconnaissant « la grande importance des écoles chrétiennes en Israël » ont été accompagnées de propositions budgétaires solides. 50 millions de shekels seront versés aux écoles, pour le premier quart de l’année académique 2015-2016, et les coupes budgétaires en vigueur depuis 2013 sont annulées.
Plus de dix ans de crise
Les enseignants des 48 écoles chrétiennes d’Israël avaient depuis longtemps le sentiment d’être dans le collimateur du gouvernement israélien. Au cours de ces dix dernières années, le budget de l’Etat d’Israël alloué aux écoles chrétiennes a diminué de 45%, évalue le Patriarcat latin de Jérusalem. Les frais de scolarité s’en sont mécaniquement ressentis, mais la situation s’est encore détériorée lors de la réglementation de 2014, qui a imposé une limite à la contribution des familles.
« Atteinte aux droits de l’homme »
Plusieurs voix se sont levées contre les différences de traitement entre les écoles privées juives et chrétiennes. Ces dernières ont le statut de « reconnues mais non publiques », et elles étaient soumises à une alternative peu amène : soit devenir publiques, soit continuer à voir leur budget diminuer. Ibtisam Hanna Muallem, Présidente de l’Association arabe pour les droits de l’Homme, avait dénoncé dans ce marché une « atteinte aux droits de l’homme » dans une déclaration. Elle soulignait que les écoles privées juives n’étaient pas soumises à cette alternative, et que par conséquent, le gouvernement israélien bafouait la Déclaration des droits de l’Homme de 1948.
Des écoles de haut niveau, multiconfessionnelles
Or, les écoles chrétiennes en Israël sont des institutions dont l’installation dans le pays remonte au XIXe siècle, et qui ont une réputation d’excellence justifiée. Elles sont aussi des lieux multiconfessionnels : ainsi, dans l’école chrétienne de Taybeh, à proximité de Ramallah, près de 60% des élèves sont musulmans contre 40% de chrétiens.
Signes d’apaisements du gouvernement israélien
Le ministre de l’éducation, Naftali Bennett, s’est montré attentif aux demandes des proviseurs des écoles, et a donné des signes encourageants d’apaisement aux chrétiens. Ils étaient échaudés par l’affaire du mur de séparation de la vallée de Crémisan (voir Aleteia). La construction de ce mur avait entraîné les expropriations de paysans chrétiens et l’arrachage de leurs vieux oliviers. L’affaire du sanctuaire de Tabgha avait ajoutée à la tension. Cet édifice fut incendié, le 18 juin dernier, par des terroristes affiliés à l’extrême droite radicale israélienne. Par la suite, l’autorité foncière israélienne avait refusé d’offrir des compensations financières pour les dommages causés par cette attaque. Or, cette position semble sur le point de changer, puisque ce 21 Septembre 2015, le procureur général israélien Yehuda Weinstein a annoncé que des dédommagements devraient être offerts au Monastère Bénédictin de Tabgha.