“J’ai cru en cet homme” : la puissance du successeur de Pierre est grande, encore aujourd’hui.Tandis que le pape François parcourait les rues de Washington, Aleteia a interrogé des spectateurs venus lui offrir un accueil chaleureux. Parmi eux, une femme avait une histoire bien particulière à nous raconter…
“Je n’ai absolument pas été étonnée de lire que certains jeunes, issus de contextes très divers, aient confié au journaliste ne plus croire en Dieu ni en l’Eglise, bien qu’ayant grandi dans un milieu catholique. S’ils apprécient le Pape François, aucun ne semble vouloir se rapprocher des sacrements.
Il fut une époque où j’étais comme eux. Pendant mes études secondaires, j’ai eu l’opportunité d’aller en France pour les Journées Mondiales de la Jeunesse.
J’étais athée.
Je détestais tout ce qui concernait la religion ou l’église. D’ailleurs, ce que je voulais, ce n’était pas voir le pape, mais aller à Paris. J’étais amoureuse de la France, et ce séjour ne fit que renforcer ce sentiment. Pendant une semaine, avant le début des JMJ de 1997, j’ai séjourné chez une famille qui vivait à la campagne, à plusieurs heures de route au sud de Paris. Nous allions cueillir des framboises et ramasser des champignons, et nous communiquions par signes. Un jour qu’ils m’avaient amenée, avec une autre jeune fille, à une fête foraine en ville, la mère m’a demandé si je voulais des pommes frites. Je l’ai regardée sans comprendre. “Frites” dit-elle, “frites”. “Oh, French fries!” ai-je répondu, ravie d’avoir enfin deviné. Pour toute réponse, elle a écarquillé les yeux.
Mis à part les problèmes linguistiques, je me suis sentie bien, comme à la maison. La famille n’était pas particulièrement pratiquante. C’étaient les grands parents, apparemment, qui nous avaient invités. La jeune mère et ses enfants étaient là en vacances, donc pas trop d’activités religieuses, ce qui m’allait très bien.
Par la suite, nous sommes allées à Paris pour les JMJ, et là, il a bien fallu que je regarde en face la religion, et ces foules de jeunes frimousses enthousiastes dont j’étais venue grossir les rangs.
Dans le métro, je mettais autant de distance que possible entre mon groupe de jeunes et moi. J’en venais à me demander s’ils ne se rendaient pas compte que les Parisiens sophistiqués les foudroyaient du regard. J’étais gênée d’être américaine. Je les comprenais tellement bien, ces Parisiens qui semblaient n’avoir qu’une hâte : bouter ces étrangers grossiers, exubérants et croyants, hors de leur belle cité. Je sentais leur dégoût.
Il était prévu que le Pape s’adresse à nous. Ce jour-là, nous sommes allés dans un grand parc et nous avons attendu dans la boue et sous la pluie. Moi, je rêvais d’aller au Musée d’Orsay au lieu d’entendre le ronronnement des rosaires qu’on égrenait et les cris stridents des jeunes surexcités.
C’est alors que le Pape est arrivé.
J’ai senti les poils de mon bras se dresser sur ma peau. J’avais des écouteurs sur les oreilles pour écouter la traduction de ses propos mais franchement, je n’ai prêté aucune attention à ses paroles. Simplement, j’ai écouté sa voix.
Et là, j’ai ressenti quelque chose.
C’était une puissance, une chaleur qui irradiait de lui, comme un médicament qui se propagerait dans vos veines.
Je savais que cet homme m’aimait.
Pourquoi m’aimait-il, je n’en avais pas la moindre idée, mais je savais qu’il m’aimait. Pas de façon générale, pas d’un amour humanitaire, mais d’un amour profondément personnel.
Oui, cet homme m’aimait.
Mes larmes commençaient à couler ; je les ai essuyées précipitamment. Quand j’ai repris le chemin de la maison, quelque chose en moi avait changé. J’allais rester athée pendant presque dix ans encore. Je ne croyais pas plus en Dieu après Paris qu’avant.
Mais je croyais en cet homme.
Et ce n’était que le début.”
Soeur Theresa Aletheia Noble, est l’auteur de The Prodigal You Love: Inviting Loved Ones Back to the Church. Elle a récemment prononcé ses premiers vœux au sein de la Congrégation des Sœurs de Saint Paul. Elle écrit sur son blog Pursued by Truth