Le président chinois est actuellement en visite officielle aux États-Unis… tout comme le Souverain Pontife ! Ils seront tous les deux à Washington ce jeudi 24 septembre… Ordonné évêque de Shanghai en juin 2012, Mgr Thaddeus Ma Daqin fut interdit d’exercer le ministère épiscopal et confiné jusqu’en juin 2014 au séminaire pour ses prises de position. Désormais libre de recevoir des visites au séminaire de Sheshan, il célèbre régulièrement la messe avec des fidèles. Mgr Ma Daqin n’a cessé de partager ses réflexions pastorales et spirituelles sur son blog ou sur WeChat et Weibo. L’évêque a publié un essai appelant à une poignée de main entre le Pape et le président chinois, dont voici quelques passages.
“Notre président a entamé une visite aux États-Unis. Notre Pape s’y trouvera au même moment pour une visite apostolique. En tant que Chinois, je souhaite que la visite de notre président aux États Unis soit couronnée de succès. En tant que catholique, je suis heureux que le Pape se rende lui aussi aux États-Unis. Tous deux seront à Washington, le 24 septembre.”
Une poignée de main attendue avec impatience
L’évêque passe ensuite en revue l’histoire des relations entre les États-Unis et la Chine. Depuis la mise en place de relations diplomatiques, “les relations sino-américaines n’ont pas toujours été une lune de miel, mais le lien est relativement stable”. Il faut adopter “une stratégie ‘gagnant-gagnant’ avec les États-Unis, garantissant des avantages pour tous, élargissant les domaines de coopération et favorisant la paix dans le monde”.
Mgr Ma Daqin souligne que le Saint Siège et les États-Unis n’ont noué de véritables relations diplomatiques que dans les années 80, entretenant auparavant une “relation sans diplomatie”. Il rappelle que “le Vatican n’est pas un État au sens strict”, observateur permanent à l’ONU, et non membre. Et de souligner que le prestige du Saint-Siège dans les relations internationales s’affirme, notamment en vertu de positions pleines de sagesse adoptées face aux urgences mondiales et régionales.
Des liens ancestraux entre la Chine et l’Église malgré les obstacles
“Notre Président Xi Jinping et le pape François se croiseront ils aux Etats-Unis : la poignée de main tant attendue aura-t-elle lieu ? Je l’attends avec impatience.” Apportant une dimension historique à cet appel, Daqin propose un excursus sur les liens empiriques entre le christianisme et l’Empire Céleste : l’Église nestorienne en Chine, l’arrivée, au XIIIe siècle, des franciscains avec Jean de Montecorvino puis l’épopée de Matteo Ricci et des missionnaires jésuites du XVIe siècle, avec la “querelle des rites”. Ou encore “avant et après l’humiliation de la guerre de l’opium”. Il rappelle que “dans l’esprit de beaucoup en Chine, l’Église catholique se présente toujours chaussant un ‘chapeau étranger’, considérée comme un instrument des intérêts étrangers : cette méfiance perdure toujours”.
Reprendre un dialogue constructif
Le Christianisme en Chine a butté sur “nombre d’obstacles”. Mais désormais, “notre pays est prospère, et à mesure qu’il se renforce, nous accordons davantage de confiance… Nous devons nouer des amitiés. Lorsque nous sommes en contact, le monde devient plus petit. L’hostilité, elle, creuse les distances”. Nombreux ont été les signes d’amitié adressés par le pape François au peuple et aux dirigeants chinois, et inversement.
L’évêque de Shanghai insiste : “Je suis impatient qu’une authentique poignée de main ait lieu, afin de reprendre un dialogue constructif. Nous devons mieux nous comprendre, il faut que nous unissions nos forces pour aller de l’avant. Le monde ne peut se passer de la Chine”. Et Mgr Thaddeus Ma Daqin de conclure “si ces deux dirigeants mondiaux de grande influence se serraient la main, non seulement je me ferais tout petit au pied de la colline de Notre-Dame de Sheshan, mais le monde entier en serait ému”.