Extrait du discours improvisé par le pape François dimanche 20 septembre dernier, lors d’une rencontre avec les jeunes du Centre culturel Padre Félix Varela de La Havane.Les propos du Pape viennent en réponse au discours prononcé dans un premier temps par l’un des jeunes.
Rêver
Dans l’objectivité de la vie doit intervenir la capacité de rêver. Un jeune qui ne peut rêver se renferme sur lui-même. Bien entendu, certains rêves ne se réalisent jamais. Mais partez à la recherche de nouveaux horizons, ouvrez-vous à ce qu’il y a de plus grand.
Rêvez qu’en y mettant ce qu’il y a de meilleur en vous, vous contribuerez à changer le monde.
Et même si la vie vous empêche d’atteindre votre but, vous serez déjà allés un peu plus loin.
Amitié “sociale”
Lorsqu’une religion se renferme sur elle-même et sur ses idéologies, elle perd de vue la réalité de l’adoration de Dieu, de la croyance en Dieu. Pourquoi ne nous prenons-nous pas par la main grâce à ce que nous avons en commun ?
L’amitié sociale, c’est rechercher le bien commun, entrer en dialogue avec l’autre. Or nous voyons aujourd’hui que le monde se détruit à coups de guerres, dans une incapacité au dialogue. Qui dit division, dit mort de l’âme, car par là-même nous tuons la capacité à nous unir. Soyez donc capables de cultiver l’amitié sociale.
L’espérance
L’espérance, l’optimisme est un état d’esprit. L’espérance peut supporter toutes les souffrances. Elle connaît le sacrifice. Elle est féconde et est porteuse de vie. Es-tu capable de donner vie, de créer une amitié sociale, une patrie ?
Je souhaiterais ici faire référence à un problème très grave, le chômage, qui touche dans certains pays européens environ 40% des jeunes. Lorsqu’un peuple ne donne pas de travail aux jeunes, il n’y a pas d’avenir. Les jeunes souffrent de la culture du rejet. À l’ère du culte de l’argent, on jette tant les choses que les personnes, on les tue avant de naître, on rejette les personnes âgées, car elles ne sont plus productives.
Certains pays ont des lois sur l’euthanasie, mais il y en a tant d’autres où l’euthanasie ne dit pas son nom. Les jeunes sont rejetés et deviennent désoeuvrés. Dès lors, que leur reste-t-il ? Les addictions, le suicide ou la recherche d’armées de destruction pour créer des guerres.
Cette culture du rejet nous fait du mal à tous, elle nous ôte l’espérance. Mais l’espérance sait souffrir et ne rechigne pas à la tâche. Elle est féconde, nous donne du travail et nous sauve de cette culture du rejet. L’espoir rassemble. Un peuple qui sait se rassembler pour envisager l’avenir et tisser cette amitié sociale, est un peuple qui est empli d’espérance.
Parfois je rencontre des jeunes qui souffrent d’une tristesse existentielle, qui sont tombés dans le défaitisme le plus élémentaire, qui fuient la vie. Le chemin de l’espérance n’est pas simple. Et l’on ne peut le parcourir seul. Comme le dit le proverbe africain : “Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin”.
Même si vous pensez différemment, avancez ensemble, à la recherche de l’espérance, de l’avenir et de la noblesse de la patrie.
La culture de la rencontre
Terminons par la culture de la rencontre : même si nous pensons différemment, il y a quelque chose qui est au dessous de nous tous : la grandeur de notre peuple, de notre patrie, le doux espoir de la patrie à laquelle nous devons parvenir.
Que Dieu vous bénisse, et vous guide sur le chemin de l’espérance, vers la culture de la rencontre.