Le cap symbolique des 2 000 décès de naufragés depuis le début de l’année vient d’être franchi, annonce l’Organisation internationale sur les migrations (OIM).
Plus de 2 000 morts en mer en sept mois. Le chiffre devrait nous frapper au moins autant que celui des victimes des quatre attentats du 11 septembre 2001 (2 977 morts) puisqu’il est certain que le total sera malheureusement bien plus lourd à la fin de l’année, s’il ne l’est déjà avec ceux qui ont disparu corps et biens. En outre, il y a les morts des années précédentes : "Sur l’ensemble de l’année 2014, 3 279 ont péri dans les eaux méditerranéennes, selon le Missing Migrants Project, dirigé par l’OIM" (Les Échos).
Au total, "plus de 40 000 migrants sont décédés dans le monde depuis 2000 (…). ‘Il est temps de faire plus que de compter le nombre de victimes. Il est temps que le monde s’engage à arrêter cette violence contre des migrants désespérés’, déclare le directeur général de l’OIM William Lacy Swing sur la page du Missing Migrants Projet" (Le Figaro).
Loin des caméras…
Mais voilà, ces migrants meurent loin des caméras, d’une façon moins spectaculaire sinon moins atroce que les victimes du World Trade Center : l’examen des 14 corps ramenés dans le port sicilien de Messine, le week-end dernier, a montré que "les migrants sont morts d’épuisement et de soif après que l’eau potable a été utilisée pour refroidir le moteur du bateau". Notre compassion est aussi refroidie parce que nous nous sentons menacés par les quelque 188 000 clandestins qui ont réussi, eux, à atteindre le continent européen depuis janvier dernier. "Selon l’OIM, ces migrants sont arrivés principalement en Grèce (97 000) et en Italie (90 500). La porte-parole s’attend même à ce que le cap des 200 000 migrants soit ‘très rapidement’ franchi" (Jeune Afrique).
L’économie du prêt-à-jeter et la guerre
Pourtant, la vraie menace, dont les vagues migratoires sont le symptôme et non la cause, c’est le déséquilibre d’un monde en proie à "l’économie du ‘prêt-à-jeter’ et de la guerre", comme l’a rappelé le pape François à Turin le 21 juin dernier en soulignant que "ce ne sont pas les migrants qui sont à blâmer" (Aleteia).