Des archéologues viennent de faire une découverte inattendue : des reliques catholiques dans la tombe de l’un des premiers colons américains.
Un minuscule coffret d’argent vient d’être retrouvé aux États-Unis dans une tombe datant du début du XVIe siècle. L’événement a ceci d’extraordinaire que celui-ci renfermait des reliques catholiques, retrouvées aux pieds d’un colon protestant, et pas n’importe lequel : le squelette serait en effet celui du capitaine Gabriel Archer, l’un des fondateurs de la toute première colonie anglaise de Jamestown, en 1607. La trouvaille a étonné les archéologues qui n’étaient pas prêts à remettre en question les origines anglicanes de la colonisation américaine. “Je dois avouer que nous essayons encore de comprendre. Nous sommes face à la situation très étrange d’un reliquaire catholique trouvé auprès du chef de la première église protestante du pays”, a déclaré James Horn, le président de la Fondation à l’origine de la redécouverte de Jamestown, rapporte le site internet The Atlantic.
Une communauté catholique secrète ?
“Une idée reçue stipule que l’histoire catholique américaine commence au 19e siècle, avec une vague d’immigrants en provenance d’Allemagne et d’Irlande, dans les années 1820 et 1830. Mais il y a en réalité une histoire du catholicisme plus ancienne”, souligne Maura Jane Farrelly, professeur agrégée d’études américaines à l’université Brandeis (Massachusetts). La conclusion a fait l’effet d’une petite bombe dans le milieu, les chercheurs venant peut-être de découvrir rien de moins que la preuve d’une communauté secrète, ou du moins inconnue de catholiques parmi les premiers colons des USA, dont Archer était probablement une figure. “Nous avons même trouvé des morceaux de chapelets et de crucifix et d’autres éléments qui étaient de toute évidence catholiques”, affirme William Kelso, le responsable des fouilles archéologiques.
Les dessous d’une rivalité
Secrétaire influent et magistrat, les historiens présentent Archer comme un rival du fameux capitaine John Smith, l’explorateur qui, selon la légende, a été sauvé de l’exécution par Pocahontas. Pour les chercheurs, cette nouvelle découverte pourrait expliquer une partie de leur relation : se pourrait-il que l’antagonisme de deux hommes ce soit basé sur des convictions religieuses divergentes, s’interrogent les historiens ? Cette boîte, pourtant ridiculeusement petite, vient remettre en question un pan entier de l’histoire de la colonisation américaine, dans la mesure où il était admis que la ville de Jamestown était un symbole de l’anticatholicisme : “Ce fut une grande ambition ici de la part des Anglais”, raconte James Horn. Selon lui, “Jamestown était censé être la tête de pont de l’empire anglais en Amérique, devant un jour agir comme un rempart contre le catholicisme”.
Le catholicisme était d’autant plus craint par les Anglais qu’ils l’associaient aux Espagnols. Leurs navires de guerre faisaient en effet peser une menace très réelle sur les colons de Jamestown, protestants qui redoutaient de connaître le même sort que la colonie française établie en Floride en 1565. Toute la colonie de huguenots, qui peuplait alors le fort Caroline, fut cruellement massacrée par Ménendez de Avilés, “non comme Français, mais comme luthériens”.