Les juges ont décidé ce mercredi de suspendre la peine de mort pour blasphème d’Asia Bibi jusqu’à nouvel ordre.
Les trois membres de la Cour Suprême du Pakistan ont donc, in fine, bien voulu tenir compte de la pétition qui leur avait été transmise, et des preuves des mensonges des témoins oculaires. Ils ont ordonné que tous ces éléments leur soient présentés.
Les accusations de blasphème ont toujours de graves conséquences au Pakistan, pays musulman à 97% et où la loi à ce sujet est souvent abusivement utilisée. Deux politiciens importants du pays, le gouverneur du Penjab, Salmaan Taseer, et le ministre des Minorités, Shahbaz Bhatti, ont même été assassinés en 2011 pour avoir demandé une réforme de cette loi. Les juristes, juges et défenseurs des droits de l’homme qui s’attaquent au sujet sont également régulièrement victimes de pressions et de menaces.
Un appel des évêques français
En juin dernier, la situation critique d’Asia Bibi avait conduit les évêques de France à faire part de leur "vive inquiétude" et à redemander sa grâce : "La Conférence des évêques de France (CEF) a appris avec une vive inquiétude la dégradation de l’état de santé d’Asia Bibi, détenue dans une prison pakistanaise depuis sa condamnation à mort pour blasphème. La CEF s’alarme que les soins médicaux auxquels tout être humain à droit ne lui soient pas prodigués. Et comme Mgr Georges Pontier, président de la CEF, avait pu le signifier à Mgr Joseph Coutts, archevêque de Karachi et président de la Conférence épiscopale du Pakistan, elle rappelle avec force que ‘la peine de mort ne se justifie pas, encore moins pour un prétendu délit de blasphème’. La dégradation de l’état de santé d’Asia Bibi, l’absence de soins durant sa détention, la sentence de mort qui la frappe indûment sont inacceptables".
La CEF redisait dans cet appel son attente de grâce d’Asia Bibi par le président Mamnoon Hussain ou de la cassation du jugement d’appel par la Cour Suprême. C’est presque chose faite.