“Aujourd’hui, le visage le plus fragile de notre société se prénomme Vincent”, soulignent les évêques de Rhône-Alpes dans un communiqué publié sur le site du diocèse de Lyon.
À deux jours de l’annonce de la décision du Dr Simon, les évêques de Rhône-Alpes s’élèvent contre une éventuelle décision médicale qui "risque de provoquer délibérément sa mort". Ils rappellent que Vincent Lambert "n’est pas en fin de vie" et "ne fait l’objet d’aucun soin disproportionné". "Aujourd’hui, notre frère Vincent n’est pas en fin de vie, et plusieurs établissements spécialisés se sont déclarés prêts à le recevoir. Qu’est-ce qui l’empêche ?", rappellent surtout les évêques de Chambéry, Viviers, Lyon, Annecy, Grenoble-Vienne, Saint-Étienne, Valence et Belley-Ars.
Voici la déclaration in extenso des évêques de Rhône-Alpes :
"Dans quelques jours, une décision médicale risque de provoquer délibérément la mort de Vincent Lambert.
Il n’est pourtant pas en fin de vie et il ne fait l’objet d’aucun soin disproportionné. En lui donnant la nourriture et l’hydratation nécessaires, ceux qui prennent soin de lui respectent simplement le cours de cette vie dont le mystère nous échappe et dont le terme n’appartient à personne.
Les débats auxquels nous assistons prouvent que notre société hésite sur des principes majeurs, comme ‘Tu ne tueras pas’ ou ‘Nul ne peut décider de mettre fin à la vie d’autrui’. Ils étaient considérés jusqu’à présent comme des valeurs fondamentales, comme le socle de notre vivre ensemble(1). Et si l’on venait à y renoncer, on voit mal comment le corps médical pourrait continuer à prononcer le serment d’Hippocrate(2).
C’est le renoncement à ces principes qui fait peser sur la famille un poids insupportable. Nous voudrions exprimer à tous ses membres notre compassion, en respectant leur souffrance.
À l’issue des travaux menés sur la situation de Vincent Lambert par la Cour européenne des droits de l’homme, les cinq membres qui se sont opposés de toute leur force à la décision votée par les sept autres ont crié leur révolte. Ils ont déclaré que la Cour ne méritait plus de porter le titre de ‘conscience de l’Europe’ qu’elle s’était donné en 2010(3).
En union avec beaucoup d’autres, croyants ou non, nous lançons un appel aux autorités politiques, juridiques et médicales. Que ceux qui ont à en juger sachent que derrière la personne de Vincent Lambert, c’est le symbole de la vie la plus fragile qui est en jeu pour l’avenir de notre société.
Si sa mort doit survenir, nous prierons pour que tous puissent accueillir cet événement dans l’espérance. Mais aujourd’hui, notre frère Vincent n’est pas en fin de vie, et plusieurs établissements spécialisés se sont déclarés prêts à le recevoir. Qu’est-ce qui l’empêche ?
Mgr Philippe Ballot, archevêque de Chambéry, Maurienne et Tarentaise
Mgr Jean-Louis Balsa, évêque nommé de Viviers
Cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon
Mgr Yves Boivineau, évêque d’Annecy
Mgr Guy de Kerimel, évêque de Grenoble-Vienne
Mgr Dominique Lebrun, évêque de Saint-Étienne
Mgr Patrick Le Gal, évêque auxiliaire de Lyon
Mgr Pierre-Yves Michel, évêque de Valence
Mgr Pascal Roland, évêque de Belley-Ars
[1] C’est le titre et le sens de l’appel interreligieux signé pendant le débat parlementaire sur la fin de vie
[2] Serment d’Hippocrate. Article R 4127-38 du code de la santé publique
[3] http://hudoc.echr.coe.int