Nouveau sursis pour le jeune homme et ses parents qui ne veulent pas qu’on le fasse mourir : le CHU de Reims doit relancer toute la procédure tandis que ses parents luttent pour qu’il soit placé dans un autre établissement.
Convoqués ce 15 juillet à l’hôpital de Reims où se trouve leur fils, les parents et la famille de Vincent Lambert se sont vu signifier par l’équipe médicale qu’elle allait reprendre "toute la procédure collégiale depuis le début" (20 minutes). La question est toujours de savoir si les médecins vont ou non arrêter l’alimentation et l’hydratation du jeune homme, incapable de se nourrir lui-même depuis l’accident de moto qui l’a plongé dans un état "pauci-relationnel" il y a sept ans. Cela reviendrait à l’euthanasier puisqu’il ne s’agit pas d’une personne en fin de vie qui serait victime d’un acharnement thérapeutique. Une partie de la famille de Vincent Lambert, dont son épouse, le souhaite ; une autre partie, dont sa mère et son père, Viviane et Pierre Lambert, s’y oppose formellement.
Une nouvelle procédure collégiale
La décision du Conseil d’État validant l’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation du 20 juin 2014 puis sa validation par la Cour européenne des droits de l’homme le 5 juin 2015 (Aleteia) ne permettent pas pour autant la mise en œuvre d’un tel "protocole" en raison d’une faille décelée par les avocats des parents de Vincent Lambert : la décision d’arrêt de soins avait été prise en 2013 par un médecin (le docteur Kariger) qui, depuis, a quitté ses fonctions, ce qui oblige l’équipe médicale à entreprendre une nouvelle procédure collégiale. Pour maître Paillot, l’un des avocats des parents de Vincent Lambert, rien n’est donc joué : "Si les parents ne sont pas entendus et si nous estimons que cette nouvelle procédure collégiale ne correspond pas aux droits fondamentaux de Vincent, nous saisirons le tribunal administratif" (Gènéthique).
En outre, Viviane Lambert a annoncé ce 15 juillet, à son arrivée au CHU de Reims, qu’elle et son mari demandaient le départ de Daniela Simon, la directrice du service qui s’occupe de leur fils : "Les parents assurent que cette praticienne est en situation de conflit d’intérêts. Selon eux, elle figurait dans la liste des médecins qui ont conseillé Rachel Lambert lors de la procédure devant la Cour européenne des droits de l’homme qui a validé, en juin, l’arrêt des traitements" (20 minutes).
"Vincent n’est pas un chien"
Les parents de Vincent Lambert veulent soustraire leur fils au CHU de Reims pour le placer dans un autre établissement prêt à le recevoir. "Nous nous battrons jusqu’au bout", avait confié Viviane Lambert à Europe 1 le matin même : "C’est une affaire politique pour faire passer la loi sur l’euthanasie. Que l’on ne se serve pas de mon fils. Je suis là, je suis sa maman, je l’ai porté et mis au monde. Hors de question que je baisse les bras. Qu’on me le donne, je m’en occuperai. J’ai encore de l’énergie. Vincent n’est pas un chien".
"Derrière cette bataille, c’est la question du traitement de toutes les personnes en fin de vie qui est sous-jacente", souligne la Fondation Lejeune qui soutient Viviane Lambert dans son engagement et sa détermination : "Viviane Lambert réaffirme la nécessité et l’urgence de faire la distinction entre ‘laisser partir’ et ‘faire mourir’, distinction qui semble de plus en plus oubliée". Aussi, la Fondation Lejeune propose-t-elle à chacun de s’impliquer en signant l’appel "Sauver Vincent tout simplement" du comité de soutien à Vincent Lambert qui a déjà recueilli près de 48 000 signatures.