Un jour, je participais à une table ronde sur la poésie et le sacré. Je parlais de la beauté des poèmes de saint Jean de la Croix. Mon interlocuteur écrivain partageait mon admiration, mais il ne comprenait pas la foi du poète. "Comment croire en un Dieu qui envoie son Fils dans le monde pour nous sauver sur une croix ?", me lança-t-il. En effet, sans la foi, comment adhérer à un tel mystère ? Saint Paul évoque très bien ce paradoxe d’un Dieu qui s’abaisse par amour jusqu’à s’anéantir sur la Croix pour nous élever par sa Résurrection (Ph 2, 6-11).
Paradoxe chrétien d’unir ainsi souffrance et joie, vendredi saint et Pâques, puisque l’amour de Dieu absorbe tout. Paradoxe du langage qui a besoin du silence pour méditer ce mystère de la kénose divine (anéantissement). Paradoxe de Dieu qui a besoin de nous pour se révéler. Paradoxe de se vider de soi pour être rempli de Dieu, de se détacher de nos tendances égoïstes pour être enraciné en Dieu. Ce fut l’expérience des apôtres et le chemin spirituel de bien des chrétiens après eux.
L’apôtre mystique du Christ
S’il y a quelqu’un qui a vécu la dépossession de lui-même pour ne faire qu’un avec le Christ, c’est bien saint Paul. "Celui qui s’unit au Seigneur n’est avec lui qu’un seul esprit" (1 Co 6, 17). Le persécuteur des chrétiens, devenu l’évangélisateur des nations, est marqué au cœur par un amour brûlant du Christ. "Pour moi, certes la Vie c'est le Christ et mourir représente un gain" (Ph 1, 21). Cet amour le fait vivre, parler, agir : "Avec le Christ, je suis fixé à la croix : je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. Ce que je vis aujourd’hui dans la chair, je le vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré lui-même pour moi" (Ga 2, 19-20).
Cette configuration au Christ, sagesse de Dieu et folie de la Croix, contredit notre société de consommation et de performance, soumise aux lois du marché, plus soucieuse de richesses matérielles que de croissance spirituelle. Quel est le sens de la vie ? Comment transmettre des valeurs à nos enfants dans notre société post-chrétienne ? Où trouver la sagesse et Dieu dans cette ère du vide spirituel ? Lire la suite sur le blogue de Jacques Gauthier