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Laudato si’ : Travailler par amour

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Xavier Echevarría - publié le 28/06/15
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À l’occasion du quarantième anniversaire du décès de saint Josémaria, Xavier Echevarría, prélat de l’Opus Dei, revient sur l’encyclique du Pape François.
La nouvelle encyclique du Pape François s’inspire des premières pages de la Sainte Écriture : Dieu créa l’homme et le plaça dans le jardin d’Éden pour qu’il le travaille et le garde (Genèse 2, 15). Puis il fit tous les animaux, et les fit venir vers l’homme, pour voir comment il les appellerait (Genèse 2, 19). Cet acte d’amour de la part de Dieu était une façon d’exprimer sa confiance en chaque homme et en chaque femme, à qui il confiait la tâche de développer les potentialités dont lui-même avait doté les créatures.

Gardien et veilleur

Chacun de nous est gardien et veilleur de la création. Le pape nous le rappelle : Dieu a placé l’homme dans ce jardin non seulement pour prendre soin de de ce qui existait, mais pour le faire fructifier avec son labeur, avec son travail : « L’intervention humaine qui vise le développement prudent du créé est la forme la plus adéquate d’en prendre soin, parce qu’elle implique de se considérer comme instrument de Dieu pour aider à faire apparaître les potentialités dont il a lui-même doté les choses » (Laudato si’, 124).

Dans la mesure où les hommes s’efforcent d’accueillir le dessein du Créateur, toute tâche humaine noble peut devenir un instrument de progrès pour le monde et pour la dignité de la personne.

Le travail bien fait en est la clé

Le travail bien fait en est la clé, s’il est animé par le désir d’aimer et de servir par amour de Dieu et du prochain. Certes, d’autres motivations interviennent aussi : entre autres l’obligation de se procurer, pour soi-même et sa famille, le nécessaire pour vivre, le souci généreux d’aider des personnes dans le besoin, le désir d’atteindre la perfection humaine dans un domaine bien précis. Cependant l’appel du pape nous rappelle que le but est encore plus élevé : collaborer, dans une certaine mesure, avec Dieu à la rédemption de l’humanité.

Quand le Christ passe

Aujourd’hui c’est le quarantième anniversaire du décès de saint Josémaria, fondateur de l’Opus Dei, qui a proclamé au monde entier la valeur évangélique du travail réalisé par amour. Je suis témoin de la façon dont saint Josémaria s’est efforcé de vivre personnellement, jusqu’au terme de sa vie sur terre, ce qu’il prêchait sur le travail. « Le grand privilège de l’homme c’est de pouvoir aimer et de dépasser ainsi l’éphémère et le transitoire », écrit-il dans son recueil d’homélies Quand le Christ passe. Et il ajoutait : « L’homme ne doit pas se limiter à faire, à construire des objets. Le travail naît de l’amour, manifeste l’amour, est ordonné à l’amour. Nous reconnaissons Dieu non seulement dans le spectacle de la nature mais aussi dans l’expérience de notre vie, de notre effort. Le travail devient ainsi prière, action de grâces, puisque nous nous savons placés par Dieu sur terre, aimés de Lui, héritiers de ses promesses. »
Selon l’orientation qui lui est donnée, le travail est en mesure de détruire, ou d’accorder une dignité aux personnes, de soigner, ou de défigurer la nature, de prêter à notre prochain le service qui lui est dû, ou de l’en priver.

« Un cœur qui voit »

Qui subit le chômage et connaît des difficultés financières comprend bien la dignité que donne le travail. Il est nomal que les personnes au chômage soient au cœur de la prière et de la préoccupation des chrétiens. Le pape dit que « dans ce sens, aider les pauvres avec de l’argent doit toujours être une solution provisoire pour affronter des urgences. Le grand objectif devrait toujours être de leur permettre d’avoir une vie digne par le travail. » (Laudato si, 128). Cette encyclique nous rappelle aussi que « cesser d’investir dans les personnes pour obtenir plus de profit immédiat est une très mauvaise affaire pour la société » (ibid.).
Benoît XVI a défini le chrétien comme « un cœur qui voit ». L’efficacité économique est sans doute un critère à suivre dans le monde du travail, mais ce n’est pas le seul ; tout comme le Christ, le chrétien met tout son cœur à son travail et à servir les autres : c’est aussi une façon de louer le Créateur. Seul le travail vécu comme un service, le travail qui a l’homme pour centre, le travail que l’on fait par amour de Dieu, est en mesure d’ouvrir des perspectives de bonheur terrestre et éternel aux femmes et aux hommes de notre temps.

Xavier Echevarría
Prélat de l’Opus Dei

 

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