Gil Bernardi estime que la sécurité des paroissiens et vacanciers ne serait pas assurée. Le père Joseph NGuyen, le curé de la paroisse, ne décolère pas et se bat pour que le maire revienne sur sa décision.
C’est dans un courrier on ne peut plus officiel adressé le mardi 26 mai au responsable de la paroisse Saint-Louis que Gil Bernardi, le maire du Lavandou (LR, ex-UMP), a annoncé que les traditionnelles messes dominicales en plein air organisées "chaque été, depuis une vingtaine d’années", ne pourraient avoir lieu en 2015 :
Des tensions confessionnelles
Selon lui, "(…) les tensions confessionnelles et les événements du 7 janvier 2015 nous conduisent à ne pas attiser les critiques des adeptes de la laïcité, comme à ne pas exposer les paroissiens au geste d’un déséquilibré ou d’un fanatique. Ce motif de sécurité de vos paroissiens me paraît essentiel pour que le culte puisse se dérouler en toute sécurité". Retour imposé donc à l’intérieur de l’église Saint-Louis du Lavandou, malgré les fortes températures subies pendant les mois de juillet et août qui transforment l’édifice religieux en véritable fournaise, loin des conditions idéales du terrain de boules de la place Reyer, de ses frondaisons et son vent marin.
"On ne punit pas une religion pour les extrémismes d’une autre"
"C’est moi-même qui ai instauré cette messe en plein air depuis 1996", se défend dans les colonnes du Figaro l’élu qui assure même sa volonté de maintenir, sous protection policière discrète, les processions de la Saint-Pierre et du 15 août. Le père Joseph NGuyen accueille cependant difficilement cette décision. Le religieux ne comprend d’ailleurs tout simplement pas ce choix, assurant qu’il n’y a "aucune tension confessionnelle au Lavandou".
Après le partage de la lettre sur Internet, les événements se sont emballés, mais le maire, pourtant assailli de coups de téléphone, campe sur ses positions. Dans une lettre ouverte, le conseiller municipal d’opposition Thierry Saussez s’insurge : "Notre histoire est liée à la chrétienté. La religion catholique respecte la laïcité. On ne punit pas une religion pour les extrémismes d’une autre".
Deux poids, deux mesures
Sur Internet, les réactions ne manquent pas, certains habitants de la commune s’étonnant que la fête de la musique ou les feux d’artifice fréquents en cette période de l’année ne souffrent pas des mêmes restrictions : "Monsieur le Maire, vous qui appliquez le principe de précaution en interdisant la messe dominicale à l’extérieur, soyez logique jusqu’au bout et interdisez les feux d’artifice chaque semaine en été car ils drainent beaucoup de monde", propose ainsi Stedel.
L’édile conclut sa missive en assurant espérer "que les tensions religieuses qui menacent notre pays s’éteignent pour nous permettre de retrouver toute la tolérance dont la France est capable depuis des siècles". Pas certain que les paroissiens soient sensibles à cet argument, à mille lieues du climat de paix dans lequel ils vivent au Lavandou. Un rassemblement est prévu lundi prochain, jour du conseil municipal, devant la mairie, pour protester contre la décision du maire. Le doute plane maintenant sur les célébrations dominicales en extérieur prévues dans de nombreux autres villages français chaque été.
Une solution en passe d’être trouvée
Il faut croire que la mobilisation du curé et ses paroissiens a payé. Ce jour-même, jeudi 25 juin, la mairie du Lavandou a publié un communiqué dans lequel elle assure que le père Joseph et Gil Bernardi "ont trouvé ensemble, entre gens de bonne volonté et de dialogue amical, une solution susceptible de rétablir un climat de paix et toute la sérénité autour des offices en plein air, durant l’été". Aucun indice cependant n’est avancé quant aux détails de cette "solution".