Peut-être, enfin, une très bonne nouvelle pour les chrétiens du Pakistan, confrontés à une loi inique…
La loi anti-blasphème est souvent utilisée au Pakistan pour accuser les chrétiens d’avoir outragé le prophète Mohammed ou le Coran. C’est en l’invoquant que les accusateurs d’Asia Bibi l’ont jetée en prison. Outre ce cas emblématique, connu internationalement, près de 300 personnes seraient actuellement détenues en raison de cette loi selon la journaliste Anne-Isabelle Tollet, auteur de La mort n’est pas une solution (Éditions du Rocher). Le mois dernier, trois nouveaux chrétiens ont été accusés de blasphème et 14 personnes seraient actuellement dans le couloir de la mort pour ces mêmes raisons, selon Morningstarnews… Entre autres effets pervers, cette loi légitime dans l’esprit des Pakistanais le recours à la force la plus brutale pour punir ceux qui s’en prennent à leur religion. Cela ressort dans des faits divers tragiques (Aleteia) où des personnes sont massacrées par des foules en furie, persuadées de rendre justice au nom d’Allah.
Une loi intenable
Il est bien évident que cette loi donne lieu à de nombreux abus et est "utilisée pour régler les petits problèmes quotidiens", constate Anne-Isabelle Tollet. Dans le district de Nankana Sahib, dans la province du Punjab, un musulman, Maulvi Muhammad Bashir, a accusé Chaudhry Habil Qaiser, un chrétien âgé de 94 ans, de s’être moqué de l’islam, rapporte Morningstarnews. Le vieil homme, propriétaire terrien, avait en réalité un différent avec le musulman au sujet du partage des recettes d’un champ de maïs. Dans un autre village, c’est une communauté entière de chrétiens qui est menacée parce que l’un de ses membres, mentalement dérangé, se serait vanté d’avoir "brûlé un Coran".
Premiers garde-fous
Le gouvernement pakistanais semble prendre conscience du problème, puisqu’il envisage une réforme de la loi. Outre les exemples d’abus qu’il a sous les yeux, il subit la pression des ONG qui appellent à abolir la loi. Selon une note visant à combattre les abus de recours à la loi anti-blasphème, le gouvernement demande désormais que la "mauvaise intention" du blasphémateur soit prouvée. La note prévoit aussi que ceux qui porteront de fausses accusations soient "sévèrement sanctionnés".