Un décret envisagé par Matignon suscite l’inquiétude des responsables chrétiens.Le décret qui circule prévoit que tous les aumôniers militaires, hospitaliers et pénitentiaires doivent suivre une formation universitaire civile et civique. La formation serait dispensée dans 12 établissements disséminés en France et durerait entre 150 et 200 heures.
Une mesure destinée aux imams
Ce décret vise le problème de la formation des aumôniers musulmans en prison. Trop peu nombreux, ils n’ont généralement pas de formation officielle d’une instance religieuse. Cette formation pourrait contribuer à valoriser, et peut-être à mieux contrôler, une fonction qui peine à trouver des candidats : il y a seulement 182 aumôniers musulmans contre 700 catholiques, pour 200 établissements pénitentiaires en France. Pas question, bien sûr, d’adresser le projet de décret en cours aux seuls musulmans, et les instances religieuses chrétiennes s’interrogent sur l’opportunité de se voir imposer une nouvelle formation régie par l’État. Ainsi, Brice Deymié, aumônier national protestant des prisons, se dit "franchement inquiet" de la tournure que prennent les choses. Les heures de formations envisagées représentent un coût important, et probablement inutile pour les aumôniers qui sont déjà compétents.
Une équivalence possible ?
Dans le cadre de ce décret, un système d’équivalence permettant de reconnaître les formations délivrées par les cultes est envisagé. De fait, il existe déjà des formations qui intègrent les règles de civisme et de laïcité. Par exemple, l’Institut catholique de Paris, propose un cursus théologique étalé sur quatre ans et qui regroupe 260 étudiants au total, parmi lesquels quelques imams. La valeur de ces cours pourrait être reconnue et remplacer tout ou partie de la formation envisagée par le décret.
Celui-ci pourrait entrer en application en 2017, mais le ministère de l’Intérieur promet que les responsables religieux seront consultés avant que le projet ne se concrétise.