Pour Emmanuel Todd, un catholique “zombie” est quelqu’un qui a eu une éducation catholique, n’a plus la foi, mais en garde cependant des structures de comportement inconscientes. Un raccourci loin de la réalité actuelle…
Voltaire, Diderot, Renan, Émile Combes étaient en ce sens des catholiques zombies : tout le contraire, on le voit, d’enfants de Marie ! Il y a aussi des protestants zombies, des juifs zombies (et pas n’importe qui : Marx, Freud, Marcuse, Derrida et tant d’autres fondateurs de la culture contemporaine) et déjà, modernité oblige, Todd y insiste, des musulmans zombies.
La particularité des catholiques zombies est que c’est parmi eux que se recrutent les plus fanatiques adversaires du catholicisme, ce qui n’est, semble-t-il, pas le cas pour les autres groupes. Même en comptant Marx, il ne semble pas que les juifs émancipés aient jamais été les pires antisémites ! C’est dire que le dernier essai de Todd qui insiste tant sur les "catholiques zombies" crispera sans doute autant les dits zombies que ceux qui ne le sont pas. Nous éviterons donc cette expression.
"Le monde moderne est rempli de valeurs chrétiennes devenues folles"
Ceci posé, il n’y a rien à objecter à la thèse centrale de Todd : le groupe dominant en France aujourd’hui est celui des classes moyennes issues du monde catholique, que ce soit en termes sociaux ou géographiques (le grand Ouest), mais déchristianisés. Qu’on les appelle "bobos" ou "deuxième gauche", ils tiennent le parti socialiste et ont soutenu le choix de l’euro ; tributaires d’une culture catholique désormais inconsciente, ils imposent une austérité doloriste (et deloriste !) et un néo-libéralisme à l’anglo-saxonne à caractère inégalitaire. Quoique brandissant les valeurs de la République, ce sont de faux républicains. François Hollande, de parents catholiques mais qui a viré au laïcisme le plus raide (souvenons nous de son refus de dire que les Égyptiens massacrés en Libye étaient des chrétiens) en est une figure emblématique.
Chesterton disait que "le monde moderne est rempli de valeurs chrétiennes devenues folles". Tout ce qui fait aujourd’hui la sensibilité de gauche : l’Europe, l’écologie, l’ouverture à l’homosexualité, les langues régionales, le multiculturalisme peut être en effet assigné à une sensibilité chrétienne dégénérée. Que les manifestants de janvier aient profité de l’affaire Charlie pour exprimer un anti-islamisme inavoué, refoulé par les bons sentiments de gauche, est aussi probable. Lire la suite sur Atlantico