Les derniers préparatifs à la visite éclair du Souverain Pontife, le 6 juin, vont bon train et l’enthousiasme grandit d’heure en heure, rapporte l’archevêque de la ville.
Un aller-retour d’une journée, sur le modèle de sa visite éclair à Tirana, capitale de l’Albanie voisine, en septembre dernier. Cette visite, ce samedi 6 juin dans la capitale de Bosnie-Herzégovine – où cohabitent trois peuples : Bosniens, Croates et Serbes – est la deuxième après celle de Jean Paul II, il y a 18 ans.
À Sarajevo, ville martyre de la guerre 92-95, les préparatifs vont bon train et l’enthousiasme grandit d’heure en heure, rapporte l’archevêque de la ville. Vingt ans après la plus meurtrière des guerres qu’ait connu l’Europe depuis le dernier conflit mondial, le cardinal Vinko Puljic attend lui-même beaucoup de cette visite. Surtout qu’elle insuffle courage et espoir dans le cœur de ses concitoyens, comme le souhaite aussi le Pape qui a adressé un message en ce sens lundi aux habitants du pays. "Je me prépare à venir parmi vous en frère et en messager de paix (…) pour confirmer dans la foi les fidèles catholiques, pour soutenir le dialogue œcuménique et interreligieux, et surtout pour encourager la coexistence pacifique dans votre pays", a annoncé le Pape dans un message vidéo.
Un voyage bref en un lieu symbolique
En Bosnie-Herzégovine, les musulmans constituent 45% de la population, les Serbes orthodoxes 36%, les catholiques romains (essentiellement croates) 15%, et les autres groupes (y compris les juifs et les protestants) 4%. À la veille du départ du Pape, le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État, a mis l’accent sur cette complexité physique et humaine du pays, où les tensions nationalistes sont encore vives, pour réaffirmer "la nécessité de réaliser une égalité substantielle entre tous les citoyens et entre toutes les couches sociales, culturelles et politiques" du pays. "Chaque citoyen doit pouvoir se sentir un citoyen à part entière, quelle que soit son identité et la taille de sa communauté", a-t-il souligné dans un entretien au CTV.
Le voyage du Pape sera bref mais, parce qu’il aura lieu dans un lieu "devenu symbole de la souffrance de l’Europe tout entière durant ce siècle" (Jean Paul II, 1997), et que la communauté internationale y est encore bien présente, elle sera une nouvelle occasion pour le pape François d’élargir "à tous les hommes et tous les pays" son invitation à retrouver "les raisons de la paix, de la réconciliation et du progrès, humain et spirituel", pour susciter partout le bon vivre ensemble. La visite du Pape avec des représentants des religions catholique, orthodoxe, musulmane et juive du pays, est considérée comme le point fort de cette visite.
Pas de danger pour le Pape, assure le Vatican
Concernant la sécurité du Pape, "il n’y a pas de préoccupation particulière", a souligné le père Lombardi, porte-parole du Saint-Siège, dans un point presse la semaine dernière. Et difficultés ou pas, c’est en jeep découverte que François circulera dans les rues de Sarajevo, pour être au plus près des foules, a-t-il précisé. Dernières retouches aux principaux lieux de rencontre : à la cathédrale comme au stade olympique où aura lieu la messe du matin. C’est une famille musulmane de Bosnie, spécialisée dans la sculpture sur bois, qui a décoré le fauteuil sur lequel sera assis le Pape pendant la messe. Le cardinal Puljic a également fait savoir qu’une cloche de 320 kg avait été frappée de l’emblème du pape François et du symbole de la Compagnie de Jésus. Celle-ci ornera le clocher de la nouvelle église paroissiale Saint-Ignace-de-Loyola, et portera le nom de Saint-François-Xavier, missionnaire jésuite et patron des missions.
Enfin, interrogé sur la possibilité d’une prise de position du Pape au sujet des apparitions mariales dans la ville de Medjugorje, le père Lombardi a répondu que celle-ci était improbable mais sans l’exclure formellement. Le rapport de la commission présidée par l’ancien vicaire général de Rome, le cardinal Camillo Ruini, est actuellement soumis à l’examen de la Congrégation pour la doctrine de la foi. La question a été posée au cardinal Puljic qui a tout simplement répondu : "Je ne puis en parler, car je fais partie de la commission et suis tenu au secret. La commission a fini son travail (…), le pape devra rendre son jugement lorsque la Congrégation lui transmettra le dossier (…). Mais en attendant Medjugorje n’a rien à voir avec cette visite".