“Nous n’avions jamais eu si peur mais maintenant on se prépare au pire. Priez pour nous”, appelle Sœur Annie Demerjaan, au téléphone avec l’AED.
Les craintes d’une attaque imminente des forces djihadistes contre Alep se renforcent. "Nous n’avions jamais eu si peur mais maintenant on se prépare au pire. Priez pour nous" : c’est le nouveau cri de détresse lancé depuis Alep par une religieuse, Sœur Annie Demerjaan, à l’association Aide à l’Église en détresse (AED). À Alep, témoigne la religieuse arménienne, les habitants ont quitté par milliers la ville par peur de nouvelles violences. La plupart sont des chrétiens et leurs quartiers sont "complètement déserts" (Avvenire).
Une prochaine attaque sur Alep
Sœur Annie confirme – si besoin en était – leur calvaire. En 2011, les chrétiens d’Alep étaient plus de 150 000, aujourd’hui on les compte sur les doigts de la main et leurs conditions ne cessent de se dégrader. Depuis les bombardements sur Souleymaniye, le mois dernier, les fidèles n’arrivent pas à gommer de leurs esprits les terribles scènes de carnage auxquelles ils ont assisté, et l’idée que le pire pourrait encore arriver les terrorisent. « Les fidèles sont encore choqués… encore aujourd’hui nous trouvons des morceaux de corps sous les décombres », témoigne Sœur Annie, elle-même traumatisée par les terribles images de corps déchiquetés par les explosions.
Le témoignage de la religieuse suit de près celui de l’évêque chaldéen d’Alep, qui était ces jours-ci à Rome pour l’assemblée générale du réseau Caritas. "Ils parlent d’une prochaine attaque sur Alep, déclarant que la ville est au bout du rouleau. Peut-être préparent-ils quelque chose", a-t-il confié récemment au micro de Fides. Mgr Antoine Audo, de plus en plus pessimiste, confirme lui aussi les rumeurs de consolidation des positions djihadistes autour de sa ville, et ne cache plus son amertume devant une situation dont il ne voit plus l’issue, notamment l’issue politique. Il a "l’impression que rien sur le terrain ne se fait". "Les chrétiens d’Alep sont dans un état de découragement", a-t-il confié à Radio Vatican. Comme pour Mossoul, en Irak, Mgr Audo et Sœur Annie craignent qu’Alep ne se vide complètement de ses chrétiens.
Une guerre dévastatrice
Les dernières statistiques font état de plus de 3 000 civils tués dans le seul gouvernorat d’Alep l’année dernière. Pas moins de 85 attaques de ce genre ont été recensées dans la ville le mois dernier, faisant au moins 110 morts parmi la population civile. Nous sommes face à "une guerre dévastatrice" face à laquelle le mot le plus approprié est "honte", dénonçait à ce propos, il y a quelques jours la communauté Sant’Egidio : "Honte à la communauté internationale qui n’a toujours pas réussi à faire ce qu’il était possible de faire pour arrêter le massacre… Mais honte aussi à une opinion publique européenne et occidentale trop distraite pour pouvoir s’occuper de milliers de morts et de milliers de déplacés d’une ville syrienne symbole millénaire de cohabitation entre religions et cultures différentes, lieu d’art et de culture, avec le nombre le plus important de chrétiens au Moyen-Orient", avait précisé sans détours Andrea Riccardi (Aleteia) .