L’autoproclamé État islamique s’est emparé de Ramadi en Irak, et brièvement de Palmyre en Syrie. De violents combats s’y poursuivent.
Alors que l’État islamique avait cessé de s’étendre fin 2014, et qu’il était grignoté en Irak, il repart pour un cycle de conquêtes. En Irak, la prise de la ville stratégique de Ramadi, dans le Sud-Ouest du pays, lui donne le contrôle d’une vaste région. Désertique certes, mais riche en puits de pétrole. Palmyre la Syrienne est aussi une capitale régionale qui commande une région désertique. L’armée régulière syrienne vient de repousser, ce dimanche 18 mai, les assaillants djihadistes, mais le sort de la ville est loin d’être réglé.
Offensive générale en Syrie
La récente offensive sur Palmyre, au cœur de la Syrie (Aleteia), très menaçante pour le patrimoine mondial, n’est en fait qu’un phénomène mineur en comparaison de l’avancée des djihadistes autour d’Alep. Palmyre est célèbre pour ses vestiges antiques, et sa perte serait de toute évidence une mauvaise nouvelle pour le régime. Mais la région d’Alep, densément peuplée, est bien plus cruciale pour les Syriens, qui voient avec angoisse la deuxième ville du pays partiellement occupée et dont le tiers n’est plus que ruines (Aleteia). Difficile d’établir une carte générale des avancées de l’État islamique : autour d’Alep, beaucoup de groupes se réclament de la faction rivale d’Al-Nosra, et à l’inverse, certains combattants djihadistes qui sévissent sur le plateau du Golan, dans le Sud-Ouest du pays, se réclament de l’État islamique.
Offensive en Irak
La ville de Ramadi, dans le Sud-Ouest de l’Irak, est quant à elle toujours aux mains de Daesh à l’heure où nous écrivons ces lignes. Pourtant, l’armée irakienne régulière épaulée par les milices chiites enregistrait quelques succès avec la reconquête notable de Baïji, plus importante ville reprise à l’EI, et en brisant le siège de la principale raffinerie du pays, toute proche. Quelques mois plus tôt, elle avait déjà repris Tikrit (Aleteia), ville symbolique pour les sunnites, et les plus optimistes planifiaient déjà la reconquête de Mossoul, aux mains de Daesh depuis l’été 2014.
La prise de Ramadi, qui donne aux djihadistes la capitale de la vaste région de Raba, représente la plus grande victoire militaire obtenue par l’organisation terroriste depuis Mossoul. Haider al-Abadi, le Premier ministre irakien, a demandé en vain à ses forces de tenir la ville. Pour tenter de la reconquérir, il a même autorisé les milices chiites à se rendre dans la région de Raba, très majoritairement sunnite, prenant le risque d’exactions contre la population civile.
L’ennemi de mon ennemi n’est pas forcément fréquentable
Certes, la coalition enregistre des succès comme la mort samedi 16 mai d’un haut responsable de l’EI, Abou Sayyaf, en Syrie au cours de l’opération commando des forces spéciales américaines (Aleteia). Mais sur le front, ce sont des forces difficiles à contrôler qui font face aux djihadistes. En Syrie, l’armée de Bachar el-Assad, celle-là même qu’une coalition éphémère se proposait de frapper il y a deux ans, représente le rempart le plus sûr contre Daesh. Pour comble, elle est épaulée par le Hezbollah, organisation considérée comme terroriste par les États-Unis, entre autres. En Irak, les défaillances répétées de l’armée régulières, décapitée par l’occupation américaine, contraignent les autorités à laisser le champ aux milices chiites. Les débordements observés à Tikrit lors de la reprise de la ville contre la population sunnite n’augurent rien de bon pour l’avenir de l’Irak. Il n’y a pas de meilleur service à rendre à Daesh que d’en faire le rempart des musulmans sunnites !