« S’il ne reste plus qu’un chrétien en Libye, je resterai avec lui » affirme Mgr Martinelli, vicaire apostolique de Tripoli.
Mgr Giovanni Innocenzo Martinelli a annoncé à l’agence news.va qu’il ne quitterait pas la Libye tant qu’il y resterait un chrétien. Il constate que la communauté chrétienne est réduite à son minimum et que le pays connaît sa période la plus difficile depuis la chute de Kadhafi. A Tripoli, les violents combats entre factions adverses ont ruiné les structures de l’aéroport. En Cyrénaïque, la situation est encore plus confuse, à cause de la présence de divers groupes armés qui s’affrontent pour contrôler le territoire.
Le port, seule échappatoire
L’aéroport inutilisable, les tripolîtes ne peuvent plus non plus compter sur la voie terrestre pour fuir : le chemin vers la frontière n’est pas sûr. Pourtant, Mgr Martinelli assure : « J’ai encore confiance en l’avenir de la Libye. Nous sommes dans la main de Dieu. » Ses paroissiens sont surtout des Philippins, beaucoup d’entre eux appartiennent au personnel paramédical. La majorité sont des femmes qui ont décidé de rester parce que les besoins sanitaires de la population augmentent. En particulier, la fermeture de l’hôpital Saint Jacques, dont le personnel a été rappelé à l’étranger, pèse sur les structures sanitaires de la capitale libyenne.
Le chaos libyen
Le gouvernement libyen, qui accuse le Qatar et la Turquie de financer les terroristes, a rompu avec toutes les entreprises commerciales de ces deux pays. Signe de cette crispation : dimanche 10 mai un cargo turc qui tentait de pénétrer dans le port de Tobrouk a été la cible d’obus tirés par l’armée libyenne depuis la côte. Un matelot turc est mort. Malgré ces mesures drastiques, le gouvernement peine à faire respecter son autorité. Human Right Watch constate que les conflits armés combinés avec la défaillance de l’autorité centrale ont éliminé tout semblant d’ordre dans de nombreuses parties du pays. La violence sans frein de nombreuses factions armées poussent les Libyens sur la route hasardeuse de l’immigration en Europe via le dangereux voyage sur la Mer Méditérannée.
Les migrants jetés à la mer
Le sort de ceux qui viennent d’Afrique Subsaharienne est pire encore. Méprisés, rançonnés, violentés, ils auraient été en 2014 plus de 170 000 à tenter de rejoindre l’Europe en passant par la Libye. Ils subissent aussi des persécutions religieuses comme l’a constaté Charles, un chrétien du Nigeria, cité par Amnesty International « Ils venaient nous voler notre argent, et nous fouettaient. Je ne peux pas porter plainte auprès de la police en expliquant que je suis chrétien, parce qu’ils ne nous aiment pas… En octobre 2014, quatre hommes m’ont kidnappé, parce qu’ils ont vu que je portais une Bible ».