Abubakar Umar reçoit son diplôme et une médaille du courage pour sa détermination après un attentat subi six mois auparavant.
Abubakar Umar a 26 ans. Il fait partie de ces Nigérians qui combattent le groupe islamiste Boko Haram du mieux qu’ils peuvent. Lui c’est en se diplômant à l’Université américaine de Yola Modibbo Adama, une des cibles favorites de la secte. De son diplôme, il en est heureux, voire très fier, car il est parfaitement conscient qu’il aurait pu ne jamais l’obtenir après la folle course poursuite subie quelques mois auparavant de la part de combattants de la secte.
Les faits remontent à novembre 2014, alors qu’il rentrait chez lui à Kano, à 640 kilomètres de là. Etudiant de premier cycle en chimie du pétrole, il est tombé sur des combattants de Boko Haram qui ont ouvert le feu sur sa voiture, le blessant grièvement aux deux bras. Il parviendra pourtant à s’échapper, aidé par des villageois qui savent qu’ils risquent leur vie alors que les rebelles parcourent la région, rapporte le quotidien libanais L’Orient Le Jour qui ne lésine pas sur les détails de cette incroyable chasse à l’homme.
Se retrouver en toge rouge et bleue, et toque rouge sur la tête, sur l’estrade de la cérémonie de remise des diplômes à l’université le week-end end du 9-10 mai dernier, relève pour lui du miracle. On peut y voir un signe du destin mais également un beau défi à Boko Haram engagé dans une lutte sans merci contre tout type « d’éducation à l’occidentale qui est un péché », comme le signifie son nom en langue Haoussa. « Je pense que j’aurais dû mourir ce jour-là », confie-t-il aux journalistes présents à la cérémonie… Mais d’une manière ou d’une autre, le Seigneur m’a gardé en vie pour une raison toute particulière et l’une de ces raisons était de décrocher mon diplôme ».
Abubakar veut désormais passer son master.
En plus de son diplôme, il a reçu la médaille du courage. Dans ce pays déchiré par six années de violences qui ont fait plus de 15.000 morts et 1,5 million de déplacés, la directrice de l’université Margee Ensigh, a confié, très émue, n’avoir « jamais vu personne avec autant de détermination, de courage et d’attitude positive ».