« Je pourrais redevenir catholique. » Le pape aurait-il réussi l’exploit de re-convertir cet ancien élève des jésuites qu’est le frère du Lider Maximo ?
Les Américains appelleraient cela un " born again ". Les autres un miracle, ou presque : après avoir entendu une telle déclaration dans la bouche de Raul Castro, qui a succédé à son frère Fidel à la tête de Cuba, on se dit que, décidément, rien n’est impossible à ce pape du dialogue et de l’amour.
Une heure d’entretien en privé
Le pape François et Raul Castro ont passé près d’une heure ensemble en tête à tête, une durée d’entretien d’une rare longueur, et en toute discrétion, vu qu’ils n’avaient en l’occurence besoin d’aucun interprète pour converser tous deux en espagnol. Après l’entretien, Raul Castro a expliqué à la presse : " je voulais remercier le Saint Père pour le rôle actif qu’il a joué pour améliorer les relations entre Cuba et les Etats-Unis. " Sans oublier de parler, bien sûr, des attentes du peuple cubain, à quelques mois de la visite du pape, en septembre prochain. " Priez pour moi ", lui a dit le pape en le quittant. " Vous aussi, priez pour moi ", lui a-t-il répondu. Le pape François sera le troisième souverain pontife à se rendre à Cuba, après Jean Paul II en 1998 et Benoit XVI en 2012.
Après avoir quitté le Vatican, Raul Castro a rencontré Matteo Renzi, le Premier Ministre italien. Lors de leur conférence de presse conjointe, le leader cubain, âgé de 83 ans, est revenu sur sa rencontre avec le Pape : " J’en suis ressorti très frappé par sa sagesse, sa modestie et toutes les autres vertus que nous lui connaissons. Je lui ai dit qu’à Cuba, je lis ses discours tous les jours. " Raul Castro a par la suite avoué avoir dit au pape : " si vous continuez à parler ainsi, tôt ou tard, je vais me remettre à prier et revenir vers l’Eglise Catholique. Je ne plaisante pas ! " Face à la surprise des journalistes présents, le frère de Fidel Castro a insisté : " Le pape François est un jésuite, et d’une certaine façon je le suis aussi : j’ai été dans une école jésuite ! " " À un prêtre de mes amis, Frei Betto (Ndlr : un prêtre dominicain brésilien) j’ai dit " j’ai assisté à plus de messes que toi et quand le pape viendra à Cuba, j’irai à toutes ses messes avec satisfaction. " " Je pourrai me convertir de nouveau au catholicisme, même si je suis un communiste." Raul Castro a par ailleurs souligné que, s’il a longtemps été impossible de faire partie du parti communiste cubain si l’on était catholique, ce n’était désormais plus le cas.