Les habitants d’Alep sont contraints à vivre dans des caves ou des sous-sols. Beaucoup se sentent abandonnés. La communauté de Sant’Egidio invite à signer l’appel « Save Alep ».
La Communauté de Sant’Egidio invite à relayer l’appel « Save Alep », lancé il y a un an par Andrea Riccardi : « Ne rien faire ou attendre trop longtemps avant d’agir équivaut à laisser Alep mourir d’abandon… Il faut que le nombre de ceux qui ne veulent pas accepter qu’une population entière soit abandonnée à elle-même augmente », explique le fondateur de l’organisation catholique, au lendemain de la publication d’un nouveau rapport d’Amnesty International sur les terribles violations humaines subies par les habitants d’Alep depuis trois ans.
Carnages et destructions massives
Le dernier rapport d’Amnesty International « Mort partout : crimes de guerre et autres violations des droits de l’homme à Alep », publié le 5 mai dernier, dresse un tableau particulièrement effroyable lié aux carnages et destructions massives que subissent les habitants d’Alep quotidiennement. Selon Geneviève Garrigos, la présidente d’Amnesty, l’accusation de crimes contre l’humanité faite au gouvernement et aux groupes d’opposition dans ce rapport n’est pas trop forte à la lumière du véritable calvaire enduré par ces habitants, contraints à vivre sous terre, dans des caves et des sous-sols pour échapper aux bombes-barils remplies d’explosifs et de fragments de métal lâchées sur des écoles, des hôpitaux, des mosquées et des marchés bondés.
Les dernières statistiques font état de plus de 3 000 civils tués dans le gouvernorat d’Alep l’année dernière. Pas moins de 85 attaques de ce genre ont été recensées dans la seule ville d’Alep le mois dernier, faisant au moins 110 morts parmi la population civile. Le rapport fait également état de la pratique généralisée de la torture, de la détention arbitraire et de l’enlèvement, aussi bien par les forces du régime que par les groupes armés d’opposition.
Honte à la communauté internationale
Les habitants d’Alep vivent dans la peur et le désespoir. Beaucoup se sentent abandonnés. Nous sommes face à « une guerre dévastatrice » face à laquelle le mot le plus approprié est « honte », dénonce Andrea Riccardi. La honte de la communauté internationale qui n’a toujours pas réussi à « faire ce qu’il était possible de faire pour arrêter le massacre d’une ville syrienne symbole millénaire de cohabitation entre religions et cultures différentes, lieu d’art et de culture, avec le nombre le plus important de chrétiens au Moyen-Orient ». Mais aussi la honte d’une opinion publique européenne et occidentale « trop distraite pour pouvoir s’occuper de milliers de morts et de milliers de déplacés ».
« Un monde est en train de disparaître »
Relayer à nouveau l’appel « Save Alep » peut constituer une base pour une intervention urgente, proposition qui a reçu le consentement, il y a une semaine à peine, des plus grands représentants des Églises orientales durant le premier sommet interchrétien sur le thème « Chrétiens au Moyen-Orient : quel avenir ? », organisé par la communauté Sant’Egidio et par le diocèse de Bari, en Italie, auquel participaient des représentants des gouvernements européens, et le secrétaire pour les relations avec les États du Saint-Siège, Mgr Paul Richard Gallagher qui ont convenu de « l’urgence vitale » de ne pas céder devant ces massacres continus. Au cours de la conférence, Andrea Riccardi a parlé de « nettoyage ethnique dramatique dans des régions entières, qui n’a sans doute pas de précédent dans l’histoire et qui représente presque la fin de l’histoire », avant d’ajouter : « Un monde est en train de disparaître : c’est un drame pour les chrétiens, un vide pour les sociétés musulmanes, une perte pour l’équilibre de la Méditerranée et pour la civilisation ».
Adhérez vous aussi à l’appel « Save Alep »: Je souhaite signer l’appel « Sauvons Alep »