Le cardinal Francis George mettait en garde l’Occident, sur un ton prophétique, contre un monde sans Dieu qui se place du mauvais côté de l’Histoire.
Le cardinal Francis George, ancien archevêque de Chicago, décédé le 17 avril dernier, avait publié en novembre 2012, sur le site de l’archevêché de Chicago, un article dont voici quelques extraits :
« L’éternité entre dans l’histoire humaine de manière souvent incompréhensible. Dieu fait des promesses, mais ne donne pas de délais. En visite dans le sanctuaire de Fatima, les pèlerins entrent dans une immense place, avec le lieu des apparitions marqué par une petite chapelle d’un côté, une grande église à une extrémité, une chapelle d’adoration tout aussi grande à l’autre extrémité, et un centre pour les visiteurs et pour les confessions. Juste en dehors de l’espace principal, une section du mur de Berlin a été reconstruite, témoin tangible de ce que Marie avait prédit il y a un siècle. Le communisme en Russie et dans ses pays satellites s’est effondré, bien que beaucoup de ses effets pécheurs sont toujours avec nous.
Le communisme a imposé un mode de vie global fondé sur la croyance que Dieu n’existe pas. Le laïcisme est son compagnon et compère le plus présentable. Par une petite ironie de l’histoire, il y a quelques semaines à l’ONU, la Russie a rejoint la majorité des autres nations pour s’opposer aux États-Unis et à l’Europe occidentale qui voulaient déclarer que tuer l’enfant à naître est un droit universel de l’homme. Qui est du mauvais côté de l’Histoire, aujourd’hui ?
La campagne politique actuelle a fait remonter à la surface le sentiment antireligieux, en grande partie explicitement anticatholique, qui grandit dans ce pays depuis plusieurs décennies. La laïcisation de notre culture est un problème qui dépasse de loin les enjeux politiques ou les résultats de la campagne électorale, si importants soient-ils.
M’adressant il y a quelques années à un groupe de prêtres, totalement en dehors du débat politique actuel, je tentais d’exprimer de manière dramatique ce qu’une laïcisation complète de notre société pourrait comporter un jour. Je répondais à une question et je n’ai pas mis par écrit ce que j’ai dit, mais mes paroles ont été enregistrées sur un téléphone et sont devenues virales, se répandant sur Wikipédia, et ailleurs. J’ai dit – et mes paroles ont été retransmises correctement – que je m’attendais à mourir dans un lit, mais que mon successeur mourrait en prison et que son successeur allait mourir en martyr sur la place publique. Mais la phrase finale que j’ai ajoutée a été omise, sur l’évêque qui succèderait peut-être à un évêque martyr : "Mais, après celui-là, un autre évêque recueillera les restes d’une société en ruines et il aidera lentement à reconstruire la civilisation, comme l’Église l’a fait à de nombreuses reprises au cours de l’Histoire".
(…) Dieu soutient le monde, dans les bons moments comme dans les mauvais. Les catholiques, avec beaucoup d’autres, pensent que seule une personne a vaincu et a sauvé l’histoire : Jésus-Christ, Fils de Dieu et Fils de la Vierge Marie, Sauveur du monde et tête de son corps, l’Église. Ceux qui se rassemblent aux pieds de sa Croix, et près de son tombeau vide, peu importe leur nationalité, sont du bon côté de l’Histoire. Ceux qui mentent sur Lui, et menacent ou persécutent ses disciples, à n’importe quelle époque, peuvent imaginer qu’ils apportent quelque chose de nouveau à l’Histoire ; mais ils finissent par apporter seulement quelques variations à une vieille histoire, celle du péché et de l’oppression de l’homme. Il n’y a aucun "progrès" dans le péché, même s’il est promu comme "éclairé". (…) »
Adapté de l’espagnol par Élisabeth de Lavigne