Alors que des complices présumés du terroriste islamique sont en garde à vue, on en sait davantage sur la personnalité de Sid Ahmed Ghlam, le meurtrier d’Aurélie Châtelain.
Son arrestation fortuite le dimanche 12 avril après le meurtre d’Aurélie Châtelain, a sans doute permis d’éviter un des pires attentats sur le sol français, le mitraillage de fidèles dans une église (Aleteia).
Aurélie Châtelain, « rempart innocent »
C’est sans doute grâce à la résistance que cette jeune femme a opposée à son agresseur que celui-ci, blessé, n’a pu accomplir cet attentat dévastateur. Un signe de Dieu, selon le père Philippe Louveau, le curé de l’église Saint-Cyr-Sainte-Julitte de Villejuif, cible présumée de Sid Ahmed Ghlam : « Nous pensons qu’Il n’est pas tout à fait étranger à ce que les médias qualifient de hasard ou de coup de chance », a-t-il dit lors de son homélie dominicale, en comparant Aurélie Châtelain à un « rempart innocent ». Trois mille personnes ont rendu hommage ce même dimanche à la jeune femme devant la mairie de Caudry (Nord), ville dont elle était originaire et dont elle avait été une élue municipale très appréciée.
Trois des complices présumés de son meurtrier ont été interpellés et placés en garde à vue, dimanche 26 avril. Ce sont leurs ADN découverts au domicile et dans la voiture de Sid Ahmed Ghlam qui ont permis de les identifier comme des proches susceptibles de lui avoir apporté un soutien logistique. La jeune femme interpellée mercredi dernier a quant à elle été remise en liberté à l’issue de sa garde à vue.
« Un jeune homme irréprochable »
C’est « un jeune homme irréprochable », un « musulman moderne », soutien de famille et professeur bénévole d’arabe à la mosquée, que décrivent les proches de Sid Ahmed Ghlam à Saint-Dizier, rapporte Le JDD : « Dans le quartier populaire du Vert-Bois, où la famille originaire de Tiaret, en Algérie, arrive en 2001, Sid Ahmed Ghlam est le modèle de l’étudiant discret et souriant en jean et baskets, qui rentre un week-end sur deux avec son linge sale et repart les gamelles pleines de bons petits plats. "Il écoute de la musique, il va courir, il est normal", décrit sa cousine. "Il est généreux même s’il ne roule pas sur l’or, toujours là en cas de problème", complète son meilleur copain et voisin ». « On parlait souvent au téléphone. Mais il ne me racontait jamais rien. Ses amis, je ne les connais pas. Mais je crois à son innocence », confie sa mère, effondrée (Le Figaro).
« Un attentat télécommandé »
Mais l’étudiant en informatique avait interrompu ses études sans qu’ils le sachent pour effectuer un voyage en Turquie. « Les services d’enquête soupçonnent son projet d’attentat d’avoir été "télécommandé à distance" par "un ou de mystérieux" hommes établis vraisemblablement en Syrie et lui ayant "ordonné clairement" de frapper des églises. Pour le Premier ministre, Manuel Valls, qui a évoqué "une commande […] pour cibler une église", "ce type d’individu n’agit pas seul" » (Nouvel Obs).
Invité de France Info, le procureur de la République de Paris, François Molins, a souligné la difficulté de lutter contre le terrorisme : « Il y a près de 1 600 personnes suivies par la DGSI en raison de leur implication en Syrie. À côté de cette frange, il y a des milliers de personnes qui développent des signaux faibles et rendent leur détection particulièrement difficile pour l’ensemble des services. C’est là que l’on peut être confronté à des cas comme Sid Ahmed Glam qui avait fait l’objet d’un entretien administratif et à l’égard duquel les services avaient fait leur travail mais n’avaient pu déceler de signes qui auraient nécessité un suivi plus important. (…) On connaît une technique, la Taqiya qui consiste à dissimuler ses croyances et sa radicalisation pour mieux surprendre et mieux passer à l’acte ».