En Syrie, des bombardements ont ensanglanté la fête de la Pâques orthodoxe, les 11 et 12 avril 2015.
Le frère Georges Sabé, de la communauté mariste d’Alep, décrit une situation de violence inédite à Radio Vatican. « Nous avions accepté et supporté que des obus de mortier tombent, mais maintenant, avec les missiles et donc une destruction massive de ces quartiers, c’est une vraie menace pour les populations. À travers votre radio, je lance un appel à Sa Sainteté : il faut bouger ! » Dimanche 12 avril, outre la mort de cinq enfants dans une école, suite à un bombardement aérien du régime d’Assad, des dizaines d’autres personnes étaient tuées sous le feu de l’artillerie rebelle : mortiers, obusiers et missiles.
Nouvelle offensive rebelle
Des groupes d’opposants à Bachar el-Assad, appartenant soit au Front al-Nosra soit à l’organisation État islamique, pressent la ville tenue par l’armée régulière syrienne. Il n’est plus fait référence, parmi les unités combattantes, de traces de « rebelles modérés » tels que l’Armée syrienne libre. Il n’y a plus que des djihadistes, dont les factions rivales parviennent parfois à s’accorder pour affronter l’armée régulière. Pris dans ce tumulte, les chrétiens qui restent à Alep malgré le danger constatent qu’ils sont spécifiquement visés par les bombardements de l’artillerie rebelle. Et l’intensité des combats de cette semaine pousse encore plus de chrétiens à fuir. Le frère Sabé n’exclut pas la prise de la ville, ce qui serait une catastrophe absolue pour les chrétiens.
Une ville disputée depuis 2012
Plusieurs « batailles d’Alep » ont déjà eu lieu. D’abord l’offensive rebelle de 2012 : la ville avait été investie par l’Armée syrienne libre, amenant dans son sillage toutes sortes de groupes djihadistes (voir Aleteia). Puis plusieurs contre-offensives de l’armée loyaliste ont eu lieu en 2013-2014. Le point culminant de ces contre-attaques fut l’opération « Tempête du Nord », dont l’objectif était de couper la route d’approvisionnement des rebelles menant jusqu’en Turquie. Malgré des succès initiaux, elle ne remplit pas son objectif. Le regain soudain de puissance des groupes rebelles les plus radicaux, à savoir al-Nosra, filiale d’Al-Qaïda en Syrie, et du groupe État islamique interroge : comment peuvent-ils avoir autant d’armes et de munitions alors qu’ils sont officiellement privés de tout soutien ? La complicité de la Turquie laisse peu de place au doute, mais est-elle la seule à soutenir ces « rebelles » ?
« Fermez la porte des armements »
Dans leur appel, les évêques de la ville dénoncent effectivement l’approvisionnement des rebelles, qui ne semblent jamais à court de munitions : « Assez de désolation et de destruction ! Assez d’être un laboratoire d’armes de guerre dévastatrices ! Nous sommes fatigués ! Verrouillez les portes des armements et des munitions, arrêtez la fourniture des instruments de mort ! Nous sommes fatigués ! ». Ils craignent la disparition pure et simple de leur communauté : « Est-ce la Résurrection du Sauveur ou l’enterrement de ses disciples ? Au milieu de la Semaine Sainte et de Pâques, notre ville ainsi que nos fidèles ont souffert douleur et tristesse et dépression profonde ».