Devenus encombrants, 227 yézidis captifs du prétendu État islamique ont recouvré la liberté après une négociation avec les Kurdes. Ils sont libres, mais dans quel état !
« Nous avons accueilli 227 yézidis, parmi lesquels des femmes et des enfants. » L’annonce a été faite hier par le général kurde Westa Rassoul qui commande des peshmergas dans la province de Kirkouk, au nord de l’Irak. « Nous avons négocié pendant des jours avec des cheikhs tribaux à Hawija et avons pu obtenir la libération des yézidis kidnappés », a-t-il ajouté (Hawija est une ville contrôlée par l’EI dans la province de Kirkouk) (La Presse). Deux chrétiens figureraient parmi les personnes libérées.
Maltraités et sans nouvelles des leurs
Les malheureux captifs ont été relâchés, après plusieurs mois de détention, lundi dans la province de Ninive, au nord-ouest de Kirkouk, mais ils ne sont arrivés dans les territoires sous contrôle kurde que deux jours plus tard. Le groupe compte une quarantaine d’enfants et une majorité de vieillards ou d’infirmes. Certains présentaient des traces de coups. « Les personnes libérées ont versé des larmes et loué Dieu alors qu’elles étaient accueillies par leur famille. Plusieurs étaient si faibles qu’elles ne pouvaient que se coucher sur le sol » (985 FM).
Un autre groupe d’environ 200 yézidis avait recouvré la liberté dans des circonstances analogues au mois de janvier. Beaucoup sont sans nouvelles de membres de leurs familles enlevés avec eux, des hommes aussitôt assassinés (certains enterrés vivants !) par Daesch, et des jeunes femmes ou des fillettes mariées de force ou vendues comme esclaves. L’une des femmes libérées lundi dernier a tout de même pu récupérer sa fille de 7 ans, mais après avoir fait payer une rançon de 20 000 dollars à des militants de l’EI par l’intermédiaire de son frère.
Les yézidis (ou yazidis) sont une minorité non arabe et non musulmane considérée comme hérétique par l’EI. Des milliers d’entre eux sont tombés dans les griffes de Daesh au mois d’août 2014, lorsque l’organisation terroriste a pris quelque temps le contrôle de leur territoire des abords du mont Sinjar, au nord de l’Irak. D’autres sont parvenus à s’échapper à travers la montagne pour se réfugier au Kurdistan irakien (Bluewin). « L’encerclement de la région de Sinjar avait été brisé une première fois à l’été par les combattants kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit en Turquie), puis définitivement par les peshmergas du Kurdistan d’Irak en décembre » (Le Monde).
Les yézidis privés de défenseurs
Le mois dernier, des enquêteurs de l’ONU ont demandé la saisie de la Cour pénale internationale (CPI), estimant que les attaques et persécutions de l’EI contre les yézidis en Irak pourraient constituer non seulement des « crimes contre l’humanité » mais un « génocide » (Le Figaro). Mais Fatou Bensouda, procureur de la CPI, a rappelé mercredi « qu’elle ne pouvait enquêter sans avoir été saisie par le Conseil, ou par l’Irak et la Syrie, qui ne sont pas membres de la Cour mais pourraient lui ouvrir leur juridiction. La Russie, alliée du régime du président syrien, Bachar el-Assad, et la Chine ont déjà mis leur veto, en mai dernier, à un projet de résolution déposé par la France, qui prévoyait la saisine de la CPI sur la situation en Syrie » (Le Monde).
Quant aux hommes yézidis qui ont pris les armes pour défendre leur communauté, ils se heurtent au refus des Kurdes qui veulent qu’ils rejoignent les peshmergas. « Leur commandant en chef, Haydar Shesho, a été récemment arrêté par les forces kurdes » (Euronews).