Quatre évêques américains catholiques ont pris publiquement position contre la peine capitale qui menace Dzhokhar Tsarnaev, l’auteur de l’attentat du marathon de Boston.
Les évêques du Massachusetts sont fermes et catégoriques : on ne résout pas une affaire de meurtres par un meurtre de plus. Dzhokhar Tsarnaev, accusé d’être l’auteur de l’attentat du marathon de Boston en 2013, attend le verdict de son procès. Jugé devant un tribunal fédéral, il n’est pas à l’abri de la peine capitale. Mais les évêques de l’archidiocèse de Boston et des diocèses de Fall River, Springfield et Worcester estiment solennellement que rien n’oblige les jurés à choisir cette issue : « Nous, évêques catholiques du Commonwealth du Massachusetts, croyons que la société peut faire mieux que la peine de mort », ont-ils ainsi déclaré.
Cohérents avec Jean Paul II
Même si l’Église catholique n’interdit pas explicitement l’usage de la peine capitale, de nombreux théologiens et ecclésiastiques se sont élevés contre cette pratique qui n’a plus sa place, selon eux, dans la société moderne. Le pape Jean Paul II a ainsi écrit dans le chapitre 3 de son encyclique Evangelium Vitæ, en 1995, que la peine « ne doit pas conduire à la mesure extrême de la suppression du coupable, si ce n’est en cas de nécessité absolue, lorsque la défense de la société ne peut être possible autrement. Aujourd’hui, cependant, à la suite d’une organisation toi jours plus efficiente de l’institution pénale, ces cas sont désormais assez rares, si non même pratiquement inexistants.»
Pas de nécessité absolue
Cohérents avec cet enseignement, les évêques constatent que ce cas ne relève pas de la « nécessité absolue » : « Le coupable dans cette affaire a été neutralisé et n’aura plus jamais la possibilité de causer des dommages », font-ils remarquer, citant la Conférence américaine des évêques catholiques qui s’était exprimée au sujet de la peine de mort en 2005 : « Qu’importe la nature d’un crime, si la société peut se protéger sans mettre fin à une vie humaine, elle doit le faire ». Pour ces hommes d’Église, ces mots sont toujours valables aujourd’hui, même « au regard de ce crime terrible ».
Les prélats ont également déploré que les jurés opposés à la peine de mort aient été écartés du procès. Le révérend James Bretzke, professeur de théologie morale au Boston College, a ainsi déclaré sur le site du Religion News Services, en janvier dernier : « Il est à la fois ironique et regrettable que les catholiques qui comprennent et acceptent cet enseignement soient systématiquement exclus du procès, (…) c’est frustrant ». Les délibérations du jury ont débuté mardi. Il lui appartient de décider de la culpabilité de Tsarnaev pour chacun des 30 chefs d’accusation retenus contre lui, dont pas moins de 17 sont passibles de la peine de mort.