Votée le 1er décembre, la mise sous condition de ressources des allocations familiales prendra effet en juillet. Une mesure punitive pour les familles, comme les parents le constateront en faisant leurs comptes !
C’est une mesure antifamiliale inédite depuis 1945 qu’a adoptée la majorité socialiste en décembre dernier. Passée dans le cadre d’un simple financement de la sécurité sociale, la mise sous condition de ressources des allocations familiales détruit l’esprit même de la politique familiale. Elle revient en effet à la confondre avec la politique sociale en modulant les allocations familiales en fonction des revenus. Concrètement, leur montant sera divisé par deux pour les ménages avec enfants disposant d’un revenu d’au moins 6 000 euros par mois, et divisé par quatre pour les ménages avec enfants disposant d’un revenu d’au moins 8 000 euros par mois, chaque enfant supplémentaire élevant ce plafond de 500 euros (AFC).
Cet appauvrissement considérable a été assorti de l’absurde et hypocrite partage obligatoire du congé parental entre les parents à partir du 2e enfant sous prétexte d’égalité homme/femme, comme si un jeune enfant n’avait pas davantage besoin de sa mère que de son père, et comme si celui-ci pouvait interrompre sa carrière sans causer à sa famille un préjudice plus grand que lorsque c’est la mère qui le prend. Puisque l’immense majorité des familles ne pourra se permettre de risquer ce partage, celles-ci verront réduite la durée d’indemnisation : autant de gagné pour l’État sur leur dos !
« Contre l’avis de tous »
Cette réforme a été perpétrée « contre l’avis de tous et surtout de la principale concernée, la Caisse nationale d’allocations familiales (CNAF) » qui a voté contre les décrets d’application de la réforme hier, mardi 7 avril, constate Économie Matin. Ce fut « un non massif », renchérit Les Échos : « Le conseil d’administration de la Caisse nationale d’allocations familiales (CNAF) s’est prononcé mardi contre les deux projets de décret de mise en œuvre de la modulation des allocations familiales accordées aux ménages comptant deux enfants et plus. Seule l’UPA s’y est déclarée favorable (Medef, CFDT et CGPME ont pris acte). Mais ce rejet n’empêchera pas la mesure d’entrer en vigueur dès juillet ».
Allocations divisées par 4 pour plus de la moitié des familles impactées !
Selon une note de travail confidentielle du Haut Conseil de la famille (HCF) que le journal Les Échos s’est procuré, la modulation des aides en fonction des revenus devrait toucher 505 000 familles en France, soit 10% du nombre de familles (5 millions) qui touchent les allocations. Une famille allocataire sur dix va voir ses allocations baisser. La majorité en perdra les trois-quarts. Plus de la moitié des ménages impactés (52%) verront leurs allocations divisées par quatre ! Les familles qui verront leurs allocations baisser sont pour 64% des couples avec deux enfants, et pour 23% des couples avec trois enfants qui perdront respectivement 1,21% et 2,76% de leurs revenus. Les familles avec trois enfants perdront, elles, 3,84% de leurs revenus ! « En moyenne les ménages impactés perdront 127 euros par mois… soit près de 1 524 euros par an », soulignent Les Échos. « De plus, 154 000 foyers avec des enfants de plus de 14 ans vont être touchés par la modulation de la majoration pour âge, soit 12% des ménages qui y ont droit aujourd’hui. Ils vont perdre en moyenne 51 euros de plus par mois. »
Une mesure aggravée par la fiscalité
Qui plus est, la note confidentielle du HCF constate que les ménages aisés vont perdre davantage que ne l’indiquent ces chiffres sous l’effet de la fiscalité. Ces prestations n’étant pas soumises à l’impôt sur le revenu, plus les salaires grimpent, plus la valeur réelle des allocations croît. Ainsi, « pour une famille de trois enfants sans majoration, dont le taux marginal d’imposition est de 30% (salaires nets mensuels compris entre 9 567 et 25 649 euros), la valeur réelle de ses allocations familiales est de 383,5 euros », et non 295 euros, relève le HCF.
À quand le rétablissement d’une authentique politique familiale ?
Après avoir dénaturé le mariage et brouillé à l’envi les repères éducatifs à l’école avec notamment l’introduction de la théorie du genre, le gouvernement socialiste aura donc sévèrement appauvri les familles qui sont le socle sans lequel aucune société humaine ne peut subsister. Il aura ruiné la politique familiale qui, depuis plus de 60 ans, vaille que vaille, a assuré la relative résistance de la France à l’hiver démographique qui précipite le déclin de l’Europe. Puisse le rétablissement d’une authentique et vigoureuse politique familiale être la priorité de la future majorité.