Après la tuerie de l’université de Garissa, où 142 étudiants ont été abattus par les islamistes shebab, l’émotion monte peu à peu à travers le monde.
« Qu’il est beau que Dieu ajoute chaque jour un jour de plus dans notre vie. Pas parce que tu en as besoin. Mais parce que quelqu’un a besoin de toi chaque jour. » Voilà ce qu’avait écrit en décembre dernier sur son profil Facebook le jeune Dadley Mose, l’un des étudiants chrétiens abattus par les islamistes shebab.
Après #JeSuisCharlie, #JeSuisKenyan ? L’émotion étant hélas à géométrie variable, ce n’est que difficilement que l’horreur du massacre commis dans une université kenyane atteint les premières pages des journaux. Pourtant, la systématicité de ces assassinats devrait susciter bien plus de réactions. Au total, 142 étudiants, trois militaires et trois membres du service de sécurité de l’université ont été abattus par les islamistes shebab.
L’indifférence de l’Occident
Les détails révélés par les survivants repoussent encore une fois les limites de l’horreur : tri délibéré entre étudiants musulmans et chrétiens, exécution de ces derniers obligés par les terroristes à appeler leurs parents avant d’être froidement abattus, garçons et filles… « Nous sommes venus pour tuer et pour être tués », ont crié les assaillants, avant de commettre leur massacre. « Nous ne craignons pas la mort, cela va être de bonnes vacances de Pâques pour nous. » La quasi-indifférence de l’Occident face ce massacre antichrétien commis à quelques jours de Pâques choque. Pourtant, peu à peu, le hashtag #JeSuisKenyan se diffuse sur Twitter comme sur Facebook. L’activiste kenyane Ory Okolloh Mwangi a lancé pour sa part le hashtag #147notjustanumber, afin que soient diffusés, un à un, le nom de chacune des victimes, de chaque étudiant exécuté.
Une survivante priait Dieu
Des heures après le drame, des survivants ont tout de même été retrouvés parmi les corps, dissimulés dans les placards ou sous les corps de leurs camarades. Telle une chrétienne de 19 ans, retrouvée 50 heures après le massacre, qui n’osait pas sortir de la penderie où elle s’était dissimulée. « Je priais mon Dieu », a-t-elle simplement dit, une fois sortie de sa cachette. Trois jours de deuil national ont été décrétés dans le pays. « Le sang va couler à flots rouges dans les villes du Kenya, cela va être une longue, épouvantable guerre dont vous, la population kenyane, êtes les premières victimes », ont promis les militants islamistes.