Les mariages célébrés selon le rite catholique aux États-Unis l’an dernier ont été trois fois moins nombreux qu’en 1970. Un effet de la crise de la foi bien repérable également en France.
Selon une étude menée par le Centre pour la recherche appliquée dans l’apostolat (CARA) basé à Georgetown (États-Unis), le nombre de mariages catholiques est à son point le plus bas depuis un demi-siècle dans le pays : 154 000 mariages ont été célébrés selon le rite catholique en 2014 contre 420 000 en 1970. « Ce recul massif est dû au fait que «la jeune génération ne considère plus l’Eglise aussi importante qu’avant », explique Mark Gray, le chercheur et directeur des sondages au CARA (Christianisme aujourd’hui).
Ce chiffre est à rapprocher des dernières statistiques de l’INSEE pour la France, pays de tradition catholique, mais où le passage par la mairie est un préalable obligatoire au mariage éventuellement religieux. Aleteia s’en faisait l’écho récemment : 231 225 mariages civils et/ou religieux ont été célébrés en 2013, ce qui est le chiffre le plus bas de l’après-guerre (en 1945, année où la France était pourtant en ruine, il y avait eu 500 000 mariages : plus du double d’aujourd’hui, alors que la population était de 40 millions contre 65 millions actuellement).
On ne peut s’épouser à l’essai ou en CDD
Malgré les nombreuses différences entre ces deux pays (le nombre de mariages, toutes catégories confondues, reste plus élevé outre-Atlantique où le concubinage est moins répandu qu’en France, tandis que le divorce y est entré plus tôt dans les mœurs au point qu’il n’est pas rare qu’une personne se marie cinq ou six fois ! (cf. Europusa), on voit bien que la désaffection pour le mariage y est comparable. Alors, crise de la foi ? Évidemment, s’agissant de catholiques qui font l’impasse sur le sacrement. Mais plus largement, crise du mariage indissoluble, autant dire crise du mariage tout court car l’indissolubilité est inhérente à l’alliance conjugale comme le reconnaît implicitement le Code civil français en faisant promettre aux époux de se rester fidèles toute leur vie : « Le mariage, en vertu de l’article 227 du Code civil, ne peut se dissoudre que par la mort de l’un des époux » ou « par le divorce légalement prononcé ». On ne peut pas logiquement prétendre s’épouser pour se donner l’un à l’autre partiellement, « à l’essai » ou en CDD !
L’évangélisation, cause d’utilité publique
Les causes de cette chute spectaculaire des mariages sont multiples : le féminisme, certes, (une journaliste de la chaîne américaine Fox News vient de s’attirer les foudres de la presse française en le pointant comme « la cause » de la chute des mariages aux États-Unis cf. Métro) mais, en amont, bouleversement des modes de vie et des mentalités, travail et autonomie des femmes, et par-dessus tout crainte de l’engagement et du don de soi. De la crise de la foi à la crise de confiance, un même mouvement traverse l’ensemble des sociétés « postchrétiennes ». Nous sommes avec la crise de l’alliance conjugale au cœur de la crise « religieuse » c’est-à-dire du lien qui « relie » les hommes à Dieu et, par conséquent, entre eux. La conséquence, nous la voyons dans l’ensemble de la société : une sorte d’autisme, une juxtaposition de subjectivités enfermées sur elles-mêmes, sans ouverture aux autres, à la société, à la vie, à Dieu. C’est dire que la nouvelle évangélisation qui s’opère, certes, de personne à personne et en vue de la vie éternelle, est aussi, éminemment, une œuvre sociale. Pour ne pas dire une cause d’utilité publique !