Le cardinal Barbarin, archevêque de Lyon, et le recteur de la grande mosquée de la ville, Kamel Kabtane, se sont rendus au Liban à l’invitation du patriarche maronite d’Antioche.
Du 22 au 27 mars 2015, les deux religieux lyonnais ont été les invités d’honneur de Béchara el-Raï, patriarche maronite d’Antioche et de tout l’Orient, à l’occasion des célébrations prévues pour la fête nationale du Liban. Parmi les célébrations, le rassemblement interreligieux de Jamhour réunit chrétiens et musulmans à l’occasion de l’Annonciation.
« Pour nous cette fête est une merveille »
Monseigneur Barbarin a fait part au quotidien libanais francophone L’Orient le Jour de sa joie d’être associé à la fête interreligieuse de Jamhour : « Quand vous avez institué cette fête au Liban, pour nous cela a été une merveille. C’est exactement ce qu’il faut, avons-nous pensé ». Résidant près de la basilique de Fourvière, l’archevêque rencontre souvent des musulmans qui viennent confier leurs nouveau-nés à la Vierge Marie. Une famille qui l’a reconnu lui a même demandé de bénir son enfant. Il raconte : « Bon, je ne lui fais pas une croix sur le front, mais j’ai posé mes mains sur ce petit corps et j’ai demandé que Dieu lui accorde sa miséricorde tout au long de sa vie ». Lors de la fête interreligieuse de Notre-Dame de Jamhour, au Liban, musulmans et chrétiens se retrouvent dans leur vénération de la Vierge Marie.
Jamhour, une fête interreligieuse pour l’Annonciation
Les représentants politiques et religieux se sont rassemblés dans le collège Notre-Dame de Jamhour mercredi 25 mars. Parmi eux, le ministre Ibrahim Chamseddine qui représentait aussi la Fondation Imam Chamseddine pour le dialogue. Étaient également présents Michel Eddé, président de la Fondation des maronites dans le monde, Amr Khaled, un prédicateur musulman égyptien très influent, et Salim Ghazal, président de la Commission épiscopale pour le dialogue islamo-chrétien. Deux invités d’honneur étaient venus apporter un message de paix en provenance d’Afrique : l’imam Mohammad Ashafa et le pasteur James Wuyi, anciens chefs de milices au Nigeria, célèbres pour leur réconciliation spectaculaire après des années de guerre civile.
« La tolérance n’est pas assez »
Monseigneur Barbarin appelle à dépasser le concept de tolérance, largement développé en France. « Pour progresser il nous faudrait de l’admiration mutuelle », explique-t-il. Prenant l’exemple du recteur de la mosquée de Villeurbanne Azzedine Gaci, qu’il estime, il assure : « Quand je l’écoute parler, je me demande comment cela se fait que je reste un chrétien médiocre. Parce que je l’admire, j’ai envie d’être vraiment, sérieusement chrétien ».
« Cette rencontre n’invente pas une nouvelle religion »
Cheikh Mohammad Nokkari, membre du Groupe de recherche islamo-chrétien (GRIC), fait partie de ceux qui ont organisé cette rencontre interreligieuse. Il explique qu’il n’y a dans cet événement aucune pratique cultuelle musulmane ou chrétienne commune. Ce rassemblement n’invente pas une nouvelle religion, ni une nouvelle doctrine, ni des rites différents pour l’occasion. « Cette rencontre a établi un nouveau phénomène culturel au-delà des frontières de l’islam et du christianisme. Elle a montré qu’il est possible de réussir la mise en place d’une convivialité et d’une bonne entente entre toutes les composantes de la société malgré les clivages religieux. »