François Hollande en personne a salué 200 chrétiens arrivés d’Irak et de Syrie. Depuis l’été 2014, seuls 1 500 visas leur ont été accordés.
En juillet 2014, en plein assaut de l’autoproclamé État islamique en Irak, le gouvernement français annonçait « vouloir favoriser » l’exil des minorités persécutées, notamment les chrétiens d’Orient. Jusqu’à présent, à peine un millier se sont vu accorder un visa. Le président François Hollande a participé à la cérémonie officielle de samedi 21 mars 2015 qui marquait l’accueil de ces réfugiés. « Soyez certains qu’en France vous serez pleinement accueillis, et que vous êtes ici en France chez vous, même si chez vous c’est loin, et que vous aurez à y revenir », leur a lancé le chef de l’État.
Une goutte d’eau
Au total, 1 500 visas, c’est bien peu au regard des demandes sur place : dans la seule ville d’Erbil, au Kurdistan, 10 000 demandes ont été déposées au Consulat général de France. C’est peu aussi au regard du nombre de visas accordés par la France en 2014 : 2 826 166 en 2014, et 207 870 titres de séjours selon les chiffres du ministère de l’Intérieur. Mais les organisations humanitaires et le clergé irakien ne se montrent pourtant pas particulièrement critiques à l’égard de cette mobilisation très restreinte du gouvernement français.
Émigration et désillusion
Mgr Sako, archevêque de Kirkouk et primat de l’Église chaldéenne, ainsi que ses évêques, font leur possible pour que les chrétiens restent en Irak. À Bagdad et au Kurdistan où ils sont réfugiés, l’intégrité physique des exilés n’est plus menacée, et leur départ définitif signerait la fin d’une présence presque deux fois millénaire. L’Occident n’est pas l’Eldorado dont rêvent les chrétiens irakiens. Ils sont décrits par Médecins sans frontières comme « en état de stress post-traumatique ». Parmi les symptômes qu’ils développent, les cas de diabètes et de problèmes cardiaques se sont multipliés, associés au désir de partir le plus vite possible et le plus loin possible. Les villages orientaux sont soudés par des liens très forts à leur paroisse et à leur prêtre. À Maaoula, village syrien libéré, les villageois ont attendu que leur curé réintègre son presbytère avant de retisser, morceau après morceau, leur communauté traditionnelle. Or, cette organisation sociale autour de la paroisse ne survivrait pas à un départ qui serait forcément synonyme de dispersion.
Retour dans la plaine de Ninive ?
Un futur ne serait envisageable pour les chrétiens qu’à condition qu’ils constituent une force politique importante. Ils n’ont pas d’alliés indéfectibles, contrairement aux yézidis qui sont ethniquement des Kurdes et peuvent compter sur le puissant soutien des peshmergas. Mais les chrétiens ont des atouts grâce à leurs hôpitaux, leurs écoles très cotées, parfois fréquentées à 70% par des musulmans. Ils peuvent donc représenter une force politique dans un Irak relativement pacifié. À condition qu’ils soient encore assez nombreux pour cela ! Le parti assyrien Beth-Nahrin Democratic Party (BNDP) est à ce titre l’un des plus fervents opposants au départ des chrétiens.