Pour sa première visite à Naples, François a lancé un appel des plus fermes à chacun, dans le quartier de Scampia, fief de la mafia locale.« Comme un animal mort pue, la corruption pue, la société corrompue pue, et un chrétien qui fait entrer en lui la corruption pue. » Comme à son habitude, François n’a pas mâché ses mots, pour cette première visite à Naples. Et ces mot étaient attendus par la population et le clergé local (lire notre article ici). « Tous, nous avons la possibilité d’être corrompus et de glisser vers la délinquance », a-t-il rappelé, sans jamais être moralisateur, devant pas moins de 800 000 fidèles venus l’écouter.
Ouvrir un chemin d’espérance
« Francesco, Francesco ! » À son arrivée, la foule a scandé son nom, des milliers de personnes, des centaines d’enfants, des migrants venant du continent africain ou d’Asie. Entouré d’enfants, le Pape a écouté le témoignage de trois personnes : une Philippine, un ouvrier et un magistrat. Si le Pape s’est rendu à Naples ce samedi, c’est, dit-il, pour « donner une impulsion à un chemin d’espérance, de renaissance et d’assainissement déjà en cours ». Soulignant la grande chaleur des Napolitains, leur capacité à se relever des moment d’épreuve, mais aussi leur religiosité et leur piété, il les a encouragés à aller de l’avant sans se faire voler leur espérance qui vient du Christ, et sans voler eux-mêmes l’espérance à quiconque. Voici les dix passages clés de son intervention, largement improvisée :
Sur le vol
« En volant, on gagne peut-être un petit pécule, mais on vole l’espérance, la nôtre, celle de notre prochain et celle de la société. »
Sur les mafieux
« Aux criminels et à leurs complices, aujourd’hui, moi, humblement, en tant que frère, je vous dis : convertissez-vous à l’amour et à la justice. Soyez conscients que Jésus vous cherche pour vous aimer. Avec la grâce de Dieu qui pardonne tout et qui pardonne toujours, il est possible de retourner vers une vie honnête. Ce sont des mères en larmes qui le demandent dans les églises de Naples. »
Sur la corruption
« Comme un animal mort pue, la corruption pue, la société corrompue pue. La corruption n’est pas chrétienne, elle pue ! »
Aux habitants de Naples
« Luttez avec fermeté contre les organisations qui exploitent et corrompent les jeunes, les pauvres et les faibles, avec le commerce cynique de la drogue et d’autres crimes. »
Sur les migrants
« Faut-il encore rappeler cela : que les migrants ne sont pas des citoyens de seconde classe ! »
« Nous sommes tous des migrants, tous des migrants sur le chemin de la vie. Aucun de nous n’a de domicile fixe sur cette terre. »
Sur le chômage
« Ne pas avoir la possibilité d’apporter le pain à la maison, c’est se voir voler sa dignité. Le manque de travail vole la dignité de l’homme. »
Sur le « travail à moitié »
« Le travail à temps partiel, le travail au noir, c’est de l’esclavage. Cela n’est pas humain, ce n’est pas chrétien. »
Sur l’exploitation
« Il y a quelques temps, une jeune fille a trouvé un travail dans une entreprise touristique. Mais à quelle condition. Elle devait travailler 11 heures par jour pour 600 euros par mois, sans cotisation retraite. On lui a fait savoir qu’elle n’avait qu’à décliner si elle n’en voulait pas, tant de gens faisaient la queue pour ce travail. Cela, c’est de l’esclavage, de l’exploitation ! Cela, ce n’est pas ni humain, ni chrétien ! Et s’il (l’employeur) se dit chrétien, il ment ! »
Sur les responsables politiques
« La bonne politique est une des expressions les plus haute de la charité, du service et de l’amour. »
Sur la ville de Naples
« La vie à Naples n’a jamais été facile, mais elle n’est jamais triste, sa grande ressource est la joie. »