Le socialiste Pierre Freyburger a emporté vendredi le crucifix du XVIIe accroché dans la salle de l’assemblée du Conseil général du Haut-Rhin, au nom des valeurs républicaines.
On peut donc être élu la République et violer la loi au nom des valeurs de cette même République. Que ne dirait-on si, de l’autre côté de l’échiquier politique, un élu ou un citoyen se permettait de prôner le non-respect d’une loi, qu’il s’agisse de mariage, d’avortement ou d’euthanasie, pour citer trois exemples concrets et d’actualité ?
Vendredi 13 mars, le conseiller général PS de Mulhouse-Ouest, Pierre Freyburger, a volé la sculpture du Christ crucifié ornant la salle de l’assemblée du Conseil général du Haut-Rhin. Un acte délibéré commis la fin de la dernière séance de travail de la commission permanente du Conseil général, à une semaine des élections départementales. Ce geste, l’élu PS le revendique, au nom du respect de la laïcité, disant s’interroger sur « la place d’un crucifix dans une institution républicaine ». En attendant, même s’il tente de réfuter la chose par ses arguments, le Conseil général a porté plainte pour vol dès le lendemain.
Ce crucifix en bois polychrome du XVIIe siècle d’une quarantaine de centimètres de hauteur représente le Christ sans le bois de sa crucifixion. Il est installé depuis plus de 30 ans dans l’hémicycle du Conseil général, et là depuis le déménagement de la collectivité dans ses nouveaux locaux en 2005. Les réactions à un tel acte n’ont pas manqué. Le groupe UMP-UDI-Centre du Conseil général a déclaré dans un communiqué qu’« à l’instar de ses camarades socialistes parisiens qui ont fait disparaître l’Alsace en tant que collectivité, le leader socialiste local veut imposer seul sa vision de notre héritage culturel et spirituel en soustrayant cette œuvre d’art ». « C’est un geste insensé, irresponsable, une blessure faite à l’Alsace, un acte indigne d’un élu de la République », a réagi pour sa part Charles Buttner, le président UMP de la collectivité. « L’Alsace, terre à l’histoire tourmentée, a reçu le Concordat et le droit local en héritage. Ses élus, les autorités religieuses locales, n’ont jamais eu de cesse de favoriser le dialogue entre tous les cultes, pour le bien vivre ensemble si malmené aujourd’hui, toujours dans le plus grand respect et au service de la République. »
Ouvrir « le débat d’actualité » sur la laïcité et les valeurs de la République en violant la loi par pur sectarisme, quelle étonnante conception tant de la laïcité que de la République…