Parmi ceux qui combattent l’État islamique en Irak, les États-Unis doivent composer avec les ennemis d’hier, dont un Iranien sulfureux, Qasem Soleimani.
Le plus emblématique des combattants iraniens en Irak s’appelle le général Qasem Soleimani. Il dirige les forces spéciales des Gardiens de la révolution iraniens. Une organisation classée « terroriste » par le renseignement américain. Mais il affronte Daesh sur le terrain. Les ennemis de vos ennemis sont-ils encore vos ennemis ? C’est un partenaire obligé… mais difficile à contrôler !
L’offensive sur Tikrit, le test
Dans Tikrit, des djihadistes de Daesh sont assiégés par une coalition comprenant des forces de l’armée régulière irakienne et des groupes armés contrôlés de près ou de loin par l’Iran (Aleteia). Les Américains craignent de perdre le contrôle avec la situation sur place. Premier signe inquiétant : après avoir annoncé qu’une offensive massive aurait lieu sur Tikrit au mois d’avril, un officiel du Pentagone a été sèchement démenti par le gouvernement irakien. Le ministre de la Défense Khaled al-Obeidi a précisé que « Bagdad déciderait du moment de l’attaque » (voir RFI). Sur place, l’armée irakienne collabore étroitement avec les milices chiites, armées et soutenues par Téhéran. Une collaboration étonnante si l’on se souvient qu’Irakiens et Iraniens se sont livrés il y a 30 ans à une guerre extrêmement meurtrière !
Crainte de vengeance
Sachant que Tikrit, ville symbolique et fief de Saddam Hussein, a été le théâtre de massacres de chiites lors de sa prise en 2014, les milices chiites pourraient opérer à des représailles sur les sunnites. Cette perspective inquiète la coalition et contribuerait à aggraver la guerre civile irakienne. Le chef d’état-major des armées américaines, Martin Dempsey, assure : « Nous regardons la situation de près. Si l’offensive sur Tikrit devenait une excuse pour opérer à un nettoyage ethnique, alors notre campagne contre Daesh serait compromise, et nous devrions la revoir ».
Qasem Soleimani, « notre ami »
Le général iranien Qasem Soleimani est clairement devenu un allié incontournable du gouvernement irakien. De la même façon que le Hezbollah est devenu en Iran un allié de Bachar contre les islamistes. Et il vaut mieux avoir Soleimani dans son camp. En tant que maître espion et chef d’une unité d’élite iranienne, il serait responsable de 20% des pertes enregistrées par l’armée américaine lors de la guerre d’Irak. Selon des photographies circulant sur les réseaux sociaux, il participerait en personne au siège de Tikrit. Et ce n’est pas le seul chiite ! Les deux tiers des forces se préparant à l’assaut seraient des chiites loyaux à l’Iran, ce qui laisse craindre que Bagdad perde le contrôle de la situation militaire.
L’Irak vit un moment décisif pour sa survie en tant que nation, le risque de le voir éclater à la suite de la guerre contre l’État islamique est plus fort que jamais. Pour mémoire, lors de la guerre de huit ans, qui opposa l’Irak à l’Iran, les chiites irakiens ont très peu déserté, ils se sont battus, comme les minorités kurdes et chrétiennes, pour Saddam Hussein, contre Khomeiny. Si le choix était à refaire aujourd’hui, que choisiraient les chiites irakiens ?