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Cardinal Sarah : « Je veux rappeler aux Français qu’ils sont chrétiens même s’ils ne veulent pas le savoir et qu’ils n’aiment pas l’entendre »

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Jean-Sébastien Ferjou - publié le 08/03/15
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Après Aleteia, c’est à Atlantico que Mgr Sarah s’est confié lors de son passage en France. En toute franchise.
Le cardinal Sarah, préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrement et l’un des deux cardinaux africains présents au Vatican, se pose en défenseur de la doctrine dans son livre Dieu ou rien (Fayard), sorti le 25 février.

Éminence, le livre d’entretien avec Nicolas Diat que vous publiez s’appelle Dieu ou rien. Étant donné que l’Europe a largement perdu le sens de Dieu, diriez-vous donc que l’Europe est dans le rien ?
Cardinal Sarah :
Je ne peux que répondre oui. Sans Dieu, c’est le néant. Sans Dieu, il n’y a rien. Sans Dieu, qu’est-ce que je suis, qu’est-ce qui me maintient en vie ? Et après cette vie, qu’y a-t-il ? Si Dieu n’est rien, il n’y a pas de vie éternelle.

L’Europe, après avoir vécu des guerres épouvantables tout au long du XXe siècle, a voulu miser sur la paix en considérant que tout ce qui venait de son identité – et donc potentiellement son héritage chrétien – pouvait être meurtrier. Dans le livre, on sent que vous pensez que les Européens devraient comprendre que leur histoire et leur héritage spirituel et culturel ne sont pas forcément la cause de troubles, et que l’on pourrait garder la paix sans avoir à y renoncer. Mais comment en convaincre les Européens ?
Cardinal Sarah : Ce processus n’est pas réaliste : ce qui a d’abord provoqué les guerres, ce sont nos intérêts, et non la religion. Qui provoque la guerre, qui fabrique les armes ? Ce n’est pas la religion, ce n’est pas Dieu. Et qui les vend ? La guerre répond à notre avidité et à notre soif du gain. Pour autant, certains fanatiques utilisent la religion pour provoquer la guerre. Mais je ne pense pas que l’on puisse accuser la religion sans s’accuser soi-même. Regardons les guerres actuelles : le fondamentalisme n’est pas né de rien. On a attaqué l’Irak. On a créé un chaos total entre chiites et sunnites. On a attaqué la Libye et c’est aujourd’hui un pays dans une situation explosive.

Le fondamentalisme islamique ne serait donc qu’une réaction à des actions européennes ? Ou a-t-il aussi une part d’essence propre ?
Cardinal Sarah : Le sujet est complexe. Pour autant, il ne faut pas exclure que le fondamentalisme soit une réaction culturelle. En face de la religion islamique, il y a une religion sans Dieu, mais morale. Bien sûr, il y a un extérieur de progrès, mais c’est une façade.

C’est ce que Jean-Paul II appelait la culture de mort ?
Cardinal Sarah : Exactement. On se moque de ceux qui croient, on les caricature. Ca provoque une réaction, peut-être excessive, mais je pense qu’il ne faut pas nier qu’il s’agisse d’une réaction contre une société athée, sans Dieu, qui n’a pas peur de ridiculiser ses martyrs. Ils l’ont fait avec Jésus-Christ. Il y a eu des films abominables. On n’a pas la même réaction que les musulmans. Mais il ne faut pas croire que toutes les civilisations acceptent qu’on se moque de choses qui sont fondamentales pour elles. 

Vous venez de Guinée, un pays à majorité musulmane, où l’on pourrait observer deux courants comme ailleurs dans le monde : l’islam traditionnel, local, et celui financé par les pays du Golfe et qui pose problème. Vous parlez dans votre livre d’un néo-colonialisme idéologique de l’Europe qui tente d’imposer au reste du monde ses idées, sur la théorie du genre notamment. Pour autant, n’y a-t-il pas aussi une volonté d’expansion politique d’un certain islam ?
Cardinal Sarah : L’islam traditionnel africain, venant du Sud, est très religieux et très tolérant. Je n’ai jamais vu pour ma part une difficulté entre chrétiens et musulmans. Quand je dirigeais la cathédrale pour la fête de Noël, il y avait beaucoup de musulmans qui venaient y assister, entendre le message. Nous avons toujours vécu dans une paix fraternelle. Bien sûr, depuis les années 1970, beaucoup de musulmans ont reçu des bourses pour aller étudier en Arabie saoudite ou ailleurs et en sont revenus fanatisés. Ces derniers ne s’en prennent pas uniquement aux chrétiens, ils s’en prennent surtout aux musulmans. Lire la suite sur Atlantico

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