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Boko Haram : de massacre en massacre

Maiduguri porte les stigmates des attentats commis par Boko Haram.

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Philippe Oswald - publié le 06/03/15
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Bien que traqué par quatre pays, le groupe islamiste exerce sa puissance destructrice sur des populations sans défense de la région du lac Tchad. Une sanglante fuite en avant.
Près de 70 personnes, dont des adolescents, ont été assassinés le
5 mars à l’aube par les terroristes dans le village de Njaba, dans l’État de Borno, au Nord-Est du Nigeria. « Les terroristes étaient armés jusqu’aux dents, témoigne un villageois. Ils se sont mis à tirer sur les habitants qui tentaient de fuir. (…)  Parmi les victimes se trouvaient des garçons et des filles de 13 à 19 ans et d’autres habitants, plus âgés. Ils ont été tués par balle ou massacrés » (Le Monde). Dimanche dernier, Boko Haram avait déjà attaqué trois îles situées dans les eaux nigériennes du lac Tchad, au Sud-Est du Niger, et tué des dizaines de civils. L’année 2015 avait d’ailleurs commencé avec les pires massacres commis par Boko Haram au cours d’attaques de plusieurs villages, les 3 et 4 janvier : 2 000 morts, 300 femmes et jeunes filles kidnappées, et 3 700 édifices dévorés par le feu (Aleteia).

Épuration à Gwoza, fief de Boko Haram

Le groupe islamiste pratique également ces jours-ci « l’épuration » à Gwoza, la ville de l’État de Borno dont il s’est emparé au mois de juin pour en faire son fief et où son chef Abubakar Shekau a proclamé en août un « califat » à l’imitation du pseudo État islamique : « Selon une habitante qui a fui mardi Gwoza, localité de l’État de Borno, les insurgés ont encerclé des jeunes hommes qui étudiaient le Coran devant la résidence d’un responsable religieux local et les ont assassinés devant leurs femmes : "Les hommes de Boko Haram ont rapporté des armes neuves, dans des cartons, ils les ont testées et ils ont abattu tous les hommes qui ont été forcés de s’allonger sur le ventre", a-t-elle relaté » (Le Soir).

Les islamistes affluent en grand nombre depuis quelques jours à Gwoza, pour défendre la ville à l’approche de l’armée nigériane épaulée par des troupes tchadiennes. L’opération militaire menée actuellement dans cette zone du lac Tchad par le Nigeria, le Tchad, le Niger et le Cameroun ne la rend pas plus sûre. Ce serait même plutôt le contraire : « Selon les experts, au moment où Boko Haram est chassé de ses fiefs, les attaques risquent de se multiplier, notamment dans les régions les plus reculées » (Le Journal de Montréal).

L’exaspération du crépuscule ?

Quel est donc le ressort de la rage sanglante de Boko Haram ? Les motivations de la secte islamique échappent à toute logique : « Qu’ils soient recueillis au Tchad, au Niger, au Cameroun ou dans les bastions initiaux de Boko Haram, les témoignages des rescapés convergent pour dessiner les contours d’une nébuleuse criminalo-djihadiste à la trajectoire erratique. Encline à alterner la barbarie la plus abjecte et les tentatives, au mieux incongrues, au pire obscènes, de rallier à sa cause les esprits et les cœurs. L’ambition affichée épisodiquement – la restauration de l’empire islamique de Kanem-Bornou, fondé au IXe siècle, sinon celle du califat rival de Sokoto, régi par la charia  ne saurait masquer la confusion, sinon la vacuité, du discours doctrinal » (L’Express).

Mais il en va généralement ainsi de tous les totalitarismes : leur folie meurtrière s’exacerbe à l’approche de leur crépuscule.

Légende photo :  L’un des villages attaqués.

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