Les combats autour de la cité portuaire de Marioupol menacent l’accord de cessez-le-feu obtenu à Minsk.
Chaque camp accuse l’autre de violation du cessez-le-feu, comme de coutume. Quoi qu’il en soit, la fin des combats semble provisoire. Pour l’heure, Kiev refuse de retirer ses armes lourdes de la ligne de front, conformément aux accords de Minsk 2, signés le 12 février 2015 « tant que les attaques des séparatistes continueront ». De leur côté, les séparatistes accusent les Ukrainiens de ne pas respecter les accords de Kiev et affirment avoir retiré leurs armes lourdes…
Un cessez-le-feu n’est pas un accord de paix
Le cessez-le-feu conclu n’est qu’un pas, il ne résout pas l’antagonisme ancestral entre les russophones de l’Est et les Ukrainiens de l’Ouest. Le gouvernement central a envenimé la situation en interdisant l’usage de la langue russe et en manifestant une volonté centralisatrice qui ne peut que déplaire aux russophones, même les plus modérés. De leur côté, les miliciens russophones ne voient pas d’un bon œil ce cessez-le-feu qui intervient dans le cadre d’une situation militaire qui était à leur avantage. Ils craignent que cette trêve ne soit qu’un moyen pour leurs ennemis de se renforcer. Selon les sources ukrainiennes, une partie d’entre eux tentent de pousser leur avantage en préparant une attaque sur le port de Marioupol, dernière grande ville du Donbass encore aux mains des Ukrainiens depuis la prise de Debaltseve. Le responsable rebelle local, Igor Mavrine aurait affirmé selon le Point : « La Novorossia (nom donné par les rebelles à la zone qu’ils souhaitent occuper dans l’Est de l’Ukraine, ndlr) a besoin de Marioupol », une déclaration qui confirme les inquiétudes… L’armée dite « séparatiste » – plus encore que l’armée ukrainienne – regroupe toutes sortes de milices qui peuvent agir de leur propre chef, remettant en cause les fragiles avancées diplomatiques.
Vladimir Poutine entre deux chaises
Le président russe, accusé de soutenir les milices prorusse, se trouve dans une situation inconfortable. Au niveau international, il ne peut défendre ostensiblement les Ukrainiens de l’Est, séparatistes ou fédéralistes, sous peine d’être accusé d’ingérence. Sur un plan intérieur, en revanche, la population russe ne lui pardonnerait pas d’abandonner les russophones à leur sort. Ayant endossé le statut de nouveau tsar, Poutine ne peut pas donner l’impression d’être faible à l’égard du pouvoir de Kiev, accusé d’être vendu à l’Occident.
Mardi 24 février, La Russie, l’Ukraine, la France et l’Allemagne ont appelé à « la mise en œuvre stricte des accords de Minsk ». De leur côté, les Etats-Unis accusent ostensiblement Vladimir Poutine d’être à l’origine de la « rupture du cessez-le-feu ». Le secrétaire d’État américain John Kerry, a affirmé réfléchir à des « sanctions graves » contre la Russie – ce qui aurait sans doute pour effet principal d’y faire grandir encore la popularité de Poutine…