Après le survol des centrales nucléaires, plusieurs drones ont survolé la capitale en toute impunité.
Ces engins qui sont loin de n’être que des jouets mettent à rude épreuve les services de renseignement français. Lors de l’opération dans la nuit du 23 au 24 février, cinq objets volants ont simultanément survolé la place de la Concorde, la tour Eiffel, l’Élysée, l’ambassade américaine et les Invalides. La coordination de cette action fait penser au survol simultané de cinq centrales nucléaire fin 2014, et s’il s’agit d’un simple plaisantin, le moins que l’on puisse dire est qu’il a un sens de l’humour sophistiqué.
Espionnage ou plaisanterie
Les drones étant d’abord conçus comme des engins d’observation, les commentateurs se tournent naturellement vers des hypothèses d’espionnage. Fin 2014, Bruno Comby, ingénieur en génie nucléaire et président de l’Association des écologistes pour le nucléaire, proposait une lecture inquiétante. Ces drones auraient pu servir à cartographier les centrales nucléaires non pas pour s’attaquer au réacteur nucléaire, qui est visible mais très protégé, mais pour détruire les transformateurs, exposés et fragiles. La destruction simultanée de plusieurs transformateurs aurait suffi à provoquer une gigantesque coupure d’électricité dans toute l’Europe, plongeant les économies dans le chaos. Cette hypothèse ne s’est heureusement pas vérifiée, et elle semble contredite par les récents survols de Paris. En effet, les sites « visités » mardi 24 février sont visibles sur Google Map, contrairement aux centrales nucléaires qui sont floutées, leur espionnage par les airs ne représente pas d’intérêt.
Démonstration de force ?
Les drones n’étant manifestement pas armés, et l’espionnage des lieux ne relevant pas d’intérêt pratique, il reste la possibilité d’une démonstration de force : « Nous pouvons impunément survoler des sites sensibles », semblent dire les pirates. À ce jour, les survols n’ont pas été revendiqués, mais le criminologue Christophe Naudin, spécialiste des questions de sûreté aérienne, soupçonne un groupe écolo-terroriste : « Ces derniers ont pour coutume de négliger le droit afin de faire valoir leur argumentation » (Le Figaro).
Comment les arrêter ? Le « tir au pigeon » serait évidemment une solution satisfaisante, voire amusante, mais elle représente trop de danger dans une agglomération : les drones incriminés, capables de voler à 300 mètres d’altitude sont probablement des « drones thermiques » pesant de 2,5 à 50 kilos, et leur chute provoquerait des dégâts au sol. La solution du brouillage des ondes bute sur le même problème : un drone incontrôlable ne vaut pas mieux qu’un drone contrôlé par un pirate dont on ne connaît pas les intentions ! Par ailleurs, les drones pourraient ne pas être radioguidés mais programmés à l’avance pour suivre un itinéraire précis auquel cas toute tentative de brouillage serait vouée à l’échec.
Enfin les drones « mangeurs de drones » sont envisagés. Un nom ronflant qui évoque des images futuristes dignes d’un manga mais qui recouvre une réalité banale : un drone équipé d’un filet qui devra poursuivre et capturer le drone pirate… Pas beaucoup mieux que les « filets anti-zeppelin » de la Première Guerre mondiale, en somme. Et pour une efficacité qui reste à prouver : pas facile d’attraper un petit engin maniable en vol de nuit.