Alors que l’EI multiplie raids et attentats en Libye, les relations se tendent entre l’Égypte et le Qatar soutenu par les monarchies du Golfe. L’ONU est elle aussi divisée.
Représailles aux représailles : les islamistes du pseudo État islamique (Daesh) ont répliqué par de sanglants attentats aux bombardements de l’aviation égyptienne destinés à venger les 21 coptes égorgés par les terroristes. Trois voitures piégées ont explosé ce vendredi dans la ville de Koubbah, dans l’Est de la Libye, localité proche de Derna, bombardée par des avions égyptiens en début de semaine. Les cibles étaient une station-service, le siège des services de sécurité et celui de la municipalité. Un premier bilan fait état d’au moins 40 morts (Le Monde).
Tensions entre le Caire et Doha
L’intervention égyptienne est l’occasion de nouvelles tensions entre le Caire et Doha (le Qatar étant la seule monarchie du Golfe à avoir soutenu le président déchu, Mohamed Morsi, issu de la confrérie des Frères musulmans, contre l’actuel président al-Sissi avant de se résoudre à lui apporter son soutien en décembre (L’Orient le Jour).
Lors d’une réunion de la Ligue arabe, « le Qatar a critiqué une "action militaire unilatérale" de l’Égypte qui a agi sans consulter ses partenaires au sein de la Ligue arabe. Le délégué égyptien à la Ligue a répliqué en accusant Doha de soutenir le "terrorisme". (…) Le Qatar a aussitôt rappelé son ambassadeur au Caire » (Le Point).
Les accusations de l’Égypte contre le Qatar sont « infondées et erronées » a commenté le secrétaire général du Conseil de coopération du Golfe (CCG). « Elles ignorent les efforts sincères déployés par le Qatar, avec les autres membres du CCG et les pays arabes, pour lutter contre le terrorisme et l’extrémisme » (I-24 news).
Les cinq autres monarchies du Golfe – Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Koweït, Oman et Bahreïn – ont une position fluctuante pour ne pas dire contradictoire, tantôt soutenant le Qatar, tantôt approuvant l’Égypte…
Valse-hésitation à l’ONU
Le Conseil de sécurité de l’ONU est lui aussi divisé sur la conduite à tenir à l’égard de la Libye, l’état d’instabilité du pays écartelé entre deux « gouvernements » rendant périlleuse et incertaine une intervention au sol et hasardeuse la levée de l’embargo sur les armes (Aleteia). Pour le président égyptien, Abdelfattah al-Sissi, soutenu par François Hollande, « il n’y a pas d’autre choix que d’appeler l’ONU à voter une résolution pour une intervention militaire menée par une coalition internationale » (El Watan).
Une base contre l’Europe
Pendant ce temps, Daesh prospère… La branche libyenne de l’État islamiste devient la troisième force du pays. Installée principalement dans la région de Derna, à 1 300 km à l’est de Tripoli, elle a pris le contrôle jeudi de l’université de Syrte, ville située à 450 km à l’est de Tripoli, où ses troupes ont paradé (photo). Présentant la Libye comme la base d’une offensive contre l’Europe, les islamistes de Daesh « menacent d’utiliser les migrants comme une "arme psychologique" contre l’Europe. Et tout particulièrement contre l’Italie si celle-ci intervient en Libye » (Metronews).