Des livres vieux de plusieurs millénaires auraient été brûlés par les fanatiques de l’autoproclamé État islamique.
Le peu de cas que les djihadistes font du patrimoine irakien n’est hélas pas une nouveauté. Après la destruction du « tombeau de Jonas », vénéré par les chrétiens comme par les musulmans depuis des siècles, de nombreux manuscrits et autres antiquités avaient été découverts sur le marché noir. Selon une information de Alarabtv, l’organisation État islamique aurait décidé de passer à la vitesse supérieure, détruisant tous les livres ne traitant pas de l’islam. Ils auraient ainsi emporté les ouvrages dans six pick-ups pour les détruire afin « d’assainir » les fonds documentaires.
Si l’agence Associated Press confirme l’information, l’ampleur de l’autodafé reste en revanche difficile à déterminer. Les nombres estimés de « plus de 2 000 livres » emportés par « six pickups » demeurent imprécis. Certains médias avancent qu’il s’agirait « du plus grand autodafé de l’histoire »… C’est sans doute une exagération : les bûchers en place publique des nazis étaient sans doute plus conséquents en quantité. Mais peut-être pas en termes de raretés des ouvrages irrémédiablement détruits.
Le patient travail des Dominicains
Selon un professeur d’histoire de l’université de Mossoul, les djihadistes « nettoient » également les archives d’une bibliothèque sunnite, celle de l’Église latine et du monastère des Dominicains. Les présentes destructions sont peut être en lien avec l’offensive des Kurdes autour de Mossoul, resserrant l’étau autour de la ville. Les djihadistes, craignant la chute de leur place forte, pourraient avoir décidé de détruire son patrimoine, œuvre salubre aux yeux de ces extrémistes.
Par bonheur, lorsque les djihadistes ont pénétré dans la bibliothèque des Dominicains de Mossoul, ils ont dû la trouver bien vide. Le père Nageeb Mekhail et son comparse, Columba Stewart, ont en effet consciencieusement stocké et archivé les ouvrages les plus précieux dans un lieu tenu secret. Ils en ont sauvé près de 50 000, en prévision de la chute de la ville et du sort qui serait réservé à ce patrimoine chrétien unique et irremplaçable (voir notre article précédent sur Aleteia). Ils répertorient et numérisent en ce moment même cette masse de documents dans un bâtiment discret de la banlieue d’Erbil dans le Kurdistan irakien.
Environ 8 000 de ces ouvrages ont déjà été numérisés, et sont donc, espérons-le, à tout jamais hors de portée des flammes et des barbares. Le père Nageeb, qui a commencé son œuvre de sauvegarde des manuscrits dès 1990, explique qu’une grande partie n’a jamais été diffusée. Ils sont à ses yeux « comme des êtres humains à protéger ». À travers les livres, explique-t-il dans une interview accordée à KTO, ce sont les générations passées qui parlent. Les livres ne sont pas un trésor à garder mais « un cadeau à faire aux générations à venir ».