En annulant la relaxe du père Gérard Riffard, la cour d’appel de Lyon renvoie la balle au parquet de Saint-Étienne… « Mais qui donc va s’occuper des réfugiés ? », demande l’évêque de Saint-Étienne.
Poursuivi par la mairie de Saint-Étienne pour avoir hébergé des demandeurs d’asile dans l’église Sainte-Claire à Montreynaud, ce prêtre retraité avait été relaxé le 10 septembre par le tribunal de police de Saint-Étienne. Mais le parquet avait fait appel (Aleteia).
« Il faut tout recommencer à zéro »
À la surprise générale, la cour d’appel de Lyon s’est déclarée incompétente en rendant son délibéré le 27 janvier. « Selon le juge, le père Riffard aurait dû être poursuivi pour un délit, donc en correctionnelle, et non pour une contravention comme ce fut le cas en juin dernier devant le tribunal de police de Saint-Étienne. Le dossier doit désormais revenir au parquet de Saint-Étienne, qui pourra décider soit d’arrêter les poursuites, soit de reciter le père Riffard devant le tribunal correctionnel » (Le Progrès).
La relaxe du prêtre est donc annulé. Sur France Info, le père Riffard a fait part de sa perplexité : « Il faut tout recommencer à zéro. On m’a toujours dit que je n’étais pas un délinquant mais un contrevenant. Je m’attendais à un jugement sur le fond, alors que la cour s’est basée sur un argument juridique, chacun fait son travail, moi j’essaie de faire le mien au mieux. Je pense que la Justice aussi. Mais il y a des moments, elle est un peu hermétique… ».
« La voie judiciaire n’est pas l’unique chemin »
« Visiblement, la question posée est, en droit, difficile », relève pour sa part l’évêque de Saint-Étienne, Mgr Dominique Lebrun, dans un communiqué. Mais, ajoute Mgr Lebrun, qui a toujours soutenu le vieux prêtre, « la voie judiciaire n’est pas l’unique chemin pour résoudre un grave et difficile problème humain ». Et l’évêque d’interpeller les consciences : « Comment répondre aux légitimes questions posées par l’action du père Gérard Riffard :
– Si ce n’est pas l’association Anticyclone, qui va abriter et accompagner ces personnes qui n’ont pas péri en Méditerranée, et sont maintenant sur notre sol ?
– Si les conditions de sécurité ne sont pas suffisantes, qui va aider l’association à les améliorer ?
– Si l’État ou la ville de Saint-Étienne ne sont pas en mesure d’assumer, d’autres collectivités peuvent-elles s’associer ? ».
« Le droit mais surtout la dignité de toute personne »
La conclusion de Mgr Lebrun est en forme de rappel et d’appel : « En tous les cas, pour les chrétiens, le prochain n’aura jamais de frontière. J’en appelle donc aux responsables de l’État, des collectivités territoriales, des associations et des communautés religieuses : cherchons ensemble, dans le dialogue et la sérénité, comment respecter le droit mais surtout la dignité de toute personne humaine ».