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Kobané : le Stalingrad de l’État islamique

Female fighter of the Syrian Kurdish People's Protection Units (YPG) is seen during fighting against Islamic State (IS) pictured on 21 December 2014 in the Syrian besieged border town of Ain al-Arab also named Kobane. (Photo by Jonathan Raa/NurPhoto)

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Sylvain Dorient - publié le 27/01/15
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Le drapeau kurde flotte sur les ruines de Kobané. La ville assaillie par les forces de l’État islamique signe la première grande défaite de l’organisation terroriste.
Pour célébrer la reprise de la colline qui surplombe Kobané, les Kurdes ont choisi les grands moyens : un drapeau de 75 mètres est fixé à une grande antenne-relais, comme un pied de nez colossal à l’organisation État islamique (EI) – Daesh en arabe. Seuls 30% de la ville seraient encore contrôlés par les djihadistes, qui avaient pourtant été tout près d’emporter la victoire au mois de septembre.

Le premier revers de l’État islamique

La ville syrienne de Kobané, point stratégique situé à la frontière turque, a été assaillie dès l’été 2014, en pleine expansion de Daesh en Irak. Sa prise aurait permis de donner une cohérence territoriale aux zones contrôlées par l’EI en Syrie : outre Rakka, celui-ci a la main sur une partie orientale de la région d’Alep, et la ville de Kobané est au centre d’un maillage routier au nord de la Syrie. Kobané lui aurait surtout donné un accès direct vers la Turquie, son premier partenaire économique, qui lui permet de recevoir des renforts de combattants internationaux et de vendre son pétrole. Cette source de revenus lui aurait permis de toucher la moitié de son budget l’an dernier, soit un milliard de dollars en 2014.

Côté kurde aussi, la ville est une clé : c’était la première à avoir acquis son indépendance face à Bachar Al-Assad, le président syrien. Fief kurde, il n’était pas question de la laisser aux mains de Daesh.

La victoire couronne une défense désespérée

À partir du mois de septembre, la bataille avait pris un tour très défavorable pour les Kurdes. La Turquie bloquait les renforts qui souhaitaient participer à la bataille, tandis que leurs adversaires disposaient de troupes fraîches et de blindés. Bien que les frappes aériennes menées par la coalition internationale contre les assaillants aient grippé leurs efforts, ils possédaient plus de la moitié de la ville au début de l’automne, en particulier le 10 octobre quand le QG des forces kurdes était tombé entre leurs mains. À cette époque, plusieurs commentateurs craignaient d’entendre du jour au lendemain que Kobané était tombée aux mains de l’autoproclamé État islamique.

Les Kurdes ont pris le risque de communiquer massivement sur cette bataille, avec par exemple la campagne faite autour de Rehana, la « Jeanne d’Arc de Kobané », cette combattante des forces de sécurité (YPG) (voir Aleteia). Plusieurs de ces femmes combattantes auraient poussé l’ardeur combattante jusqu’au kamikaze selon les sources kurdes. Ainsi, la colline où se dresse à présent le drapeau kurde aurait-elle été le théâtre de l’une des attaques-suicides menée par une femme, Deilar Kanj Khamis. Cette mère de deux enfants aurait emporté dix djihadistes dans la mort…

Une nouvelle étape du roman national kurde

Cette victoire militaire et médiatique fait certainement grincer des dents, et pas seulement chez les djihadistes de Rakka. À Ankara aussi, on voit forcément d’un mauvais œil tout ce qui peut renforcer l’identité nationale kurde. Cette bataille, au cours de laquelle plus d’un millier de djihadistes auraient été tués, donne aux Kurdes de tous les pays un nouvel élan pour créer un vaste Kurdistan autonome. Si la Turquie, qui est officiellement dans le camp de la coalition contre Daesh, doit faire mine de célébrer la victoire, les Kurdes se souviennent que pendant que les États-Unis bombardaient l’EI, les Turcs choisissaient d’utiliser leurs bombes contre les militants du PKK (Parti des travailleurs kurdes) au mois d’octobre, soit au plus fort des combats de Kobané.

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