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ÉDITORIAL. Mon après-midi à la mosquée

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Miriam Diez Bosch - publié le 25/01/15
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Souvent ce qui nous arrive avec l’islam, c’est qu’il nous fait peur. Mais l’islam, en soi, qu’est-ce que c’est ?
J’ai passé quelques heures à la mosquée, pieds nus, comme Dieu le commande. Ou comme Allah le commande, mais l’idée qu’il y a plusieurs dieux ne me convainc pas. J’ai pris un thé à la menthe accompagné de délicieuses douceurs arabes fraîchement préparées. J’ai posé quelques questions, et beaucoup écouté.

C’est probablement la plus grande mosquée de ma ville, Barcelone. Techniquement c’est un oratoire, un lieu consacré à la prière, car les mosquées sont des bâtiments séparés. Elle se trouve dans le sous-sol d’un bâtiment insolite, au sein du Centre culturel islamique catalan.

Ils me parlent en catalan et en espagnol, je les entends parler arabe entre eux. L’accueil qu’ils réservent aux réfugiés chrétiens syriens m’a surprise. Des enfants chrétiens allant à l’école arabe dans un centre islamique. Des femmes pakistanaises, musulmanes, conduisent leurs enfants à des cours de rattrapage. Le directeur du centre vient d’Alger. Il s’appelle Salim. C’est un homme sympathique, affable, qui a envie de s’expliquer.   

J’ai vu de près des musulmans dans ma ville et, plus important, il s’est noué entre nous un dialogue appelé, je l’espère, à se poursuivre. Souvent ce qui nous arrive avec l’islam, c’est qu’il nous fait peur. Mais l’islam, en soi, qu’est-ce que c’est ? Qui plus est, on ne dialogue pas avec l’islam. On cohabite plutôt avec les musulmans.  

J’ai entendu l’appel à la prière et j’ai vu des écrans très modernes sur lesquels est précisée l’heure exacte des cinq moments par jour fixés pour prier, en fonction du soleil. J’ai eu la chance dans ma vie de cohabiter avec des gens très différents, également de religions différentes. Avec certains, vous pouvez bien vous entendre par une sympathie réciproque, des similitudes, ou par la fascination de l’altérité.    

Avec l’islam, la connexion mentale nous coûte, elle n’est pas automatique, ni facile à digérer. Pendant que je suis là, le Pape dit que le Coran est un livre de paix. Paix ou pas paix, la vérité est que, pour beaucoup de gens, l’islam est perçu comme un problème. Salim cite souvent le Coran. Et il sourit. Je n’ai pas vraiment compté combien de fois il a mentionné sa famille, et la famille en général, mais il l’a fait à de nombreuses fois. Il explique que, dans certains villages musulmans, quand la mort est proche et emporte quelqu’un, la famille du défunt n’a à se soucier de rien : pendant plusieurs jours, les voisins s’occupent de tout. Je pense automatiquement à nos grandes villes, ces métropoles auxquelles faisaient allusion les 25 cardinaux réunis précisément à quelques pas de cette mosquée où je me trouve. Impensable. Nous ne savons même pas quand notre voisin meurt.

Mon après-midi à la mosquée n’a rien volé de mon identité catholique. Elle m’a rendue plus consciente de qui je suis, et de l’immense diversité  dans laquelle nous sommes plongés. Et je réalise que la diversité religieuse est un défi, pas une menace.

Adaptation de l’espagnol par Élisabeth de Lavigne


 

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