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OPINION. M. Hollande est-il à la hauteur de sa fonction ?

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Pierre-Marie d'Ussel - publié le 14/01/15
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Les grands événements révèlent les grands hommes. Comment le Président François Hollande émerge-t-il des évènements tragiques que la France a traversés ?
Le « Mal-Aimé » remonte dans les sondages. Cependant, méfions-nous des premières impressions, car ce sont celles que le « bruit » médiatique et politique imprime en nous, à notre insu. Souvent, la réflexion nous amène à réviser notre première impression. Et, à plus long terme encore, le jugement impartial des historiens peut se révéler très différent de l’émotion suscitée par les « actualités ».

Le président de la République l’a dit lui-même : à l’issue des circonstances tragiques traversées par la France, il lui revenait d’être le rassembleur de tous les Français de bonne volonté au sein de l’unité nationale. Et non seulement le rassembleur, mais aussi le garant que le rassemblement promu ressortirait bien à l’unité nationale et non à une manifestation partisane. En cela, M. Hollande a-t-il su s’élever au-dessus de lui-même, pour se montrer à la hauteur de sa haute fonction ?

La démocratie est-elle réductible à la République ?

L’unité nationale, en réponse à une action terroriste et barbare, ne peut se faire en vérité qu’autour des valeurs de la démocratie. M. Hollande a préféré en appeler aux valeurs de la République, et pas n’importe lesquelles, celles idéologiques et clivantes de la Révolution française. En cela, M. Hollande a d’une certaine manière insulté l’histoire de France : beaucoup des grands hommes qui l’ont façonnée pour le meilleur étaient des monarchistes, au moins de cœur, à commencer par le général de Gaulle. À l’issue de la Première Guerre mondiale, on a eu la sagesse de ne pas chercher à séparer les « Morts pour la France », entre républicains et monarchistes (lesquels étaient majoritaires à l’époque).

M. Hollande aurait dû se souvenir qu’au centre du drapeau de la République française, le blanc représente la monarchie qui a fait la France. M. Hollande a souhaité exclure de l’unité nationale non seulement tous les monarchistes, mais aussi tout les Français qui, bien que profondément républicains, hésitent à se réclamer des crimes et génocides de la Révolution française (dont peut-être leurs ancêtres ont été victimes, par exemple les Vendéens). Un peu gênant quand il s’agit de dénoncer des assassinats idéologiques… On dira que ce n’est pas trop grave parce que, grâce à la propagande de l’Éducation nationale appelée « cours d’histoire », il ne reste plus beaucoup de Français monarchistes, ou même de Français ayant une connaissance objective de ce que fut réellement la Révolution française. Passons donc sur cet aspect de la question. 

Mais relevons l’injure faite à l’histoire de la démocratie. Car qui oserait prétendre que nos amis anglais, espagnols, danois, suédois, néerlandais, etc., tous majoritairement monarchistes, ne sont pas des démocrates ? Qui oserait prétendre que la plupart des monarchies ne sont pas des modèles de démocratie ? A contrario, force est de constater que bien des Républiques ont été ou sont encore des régimes totalitaires, de la première République française à l’URSS et à ses satellites, en passant par la Chine populaire et le régime des Khmers rouges. M. Hollande n’est pas très cultivé, mais il a vécu. Il avait 21 ans quand l’avènement de la monarchie a rétabli la démocratie en Espagne. Il aurait dû s’en souvenir.
 

Peut-il y avoir unité nationale, si on en exclut injustement un quart des Français ?

La définition de l’unité nationale, c’est précisément que, face à un danger mortel pour la nation, exceptionnellement, pour un moment de grâce, on se retrouve au coude à coude avec ses adversaires politiques. Si M. Hollande avait eu la stature d’un homme d’État, il aurait admis au sein de l’unité nationale la présence du Front national. Et il aurait eu le courage de l’imposer aux esprits partisans de ses amis politiques. Les seuls critères d’exclusion de l’unité nationale ne peuvent être que la collusion avec l’ennemi et la mise en cause du régime démocratique. Qui pourrait sérieusement accuser le Front national de collusion avec les islamistes radicaux ? Ou de vouloir fomenter un coup d’État militaire ? Déjà de nombreux Français se sentant exclus de la société se réfugiaient dans les bras du Front national, adoptant leurs idées, pour certaines très discutables, voire dangereuses. Le président de la République avait une exceptionnelle occasion de lancer un signe fort à ces Français. Il a commis une grave faute morale en ratant cette occasion. Et Mme Le Pen aura beau jeu de dénoncer les
« arrangements », réellement « minables » étant donné les circonstances, de « l’UMPS et de la classe médiatique au pouvoir ». L’histoire retiendra que M. Hollande, par manque de hauteur de vue autant que par pusillanimité, a porté un mauvais coup à l’unité nationale, au moment historique où il devait la promouvoir.

Peut-il  y avoir unité nationale autour du slogan « Je suis Charlie » ?

Charlie Hebdo n’a jamais été un artisan de paix. Comme son géniteur Hara Kiri, ce périodique fait profession d’être « bête et méchant ». Et il y réussit parfaitement. Charlie Hebdo, c’est l’art de salir ce qui est beau, ce qui est vrai et ce qui est bon. Et ce d’une manière parfois drôle, mais toujours de la manière la plus immonde possible.

En permanence, donc, Charlie Hebdo s’ingénie à injurier nombre de nos compatriotes et à bafouer leur honneur, avec une préférence marquée pour les catholiques. L’État devrait avoir le courage  de défendre ceux qui sont ainsi bafoués. Car la démocratie n’est pas la chienlit et tout n’y est pas permis. Au nom de la liberté d’expression, il est certes permis de discuter et de mettre en cause tous les attachements et toutes les croyances de nos compatriotes, mais avec un minimum de tolérance, de respect et de dignité. En démocratie, la liberté d’expression ne permet certes pas d’agresser ses concitoyens en roulant dans la fange ce qui est légitimement le plus cher à leur cœur.  

Des millions de croyants, chrétiens, juifs ou musulmans, mais aussi de non-croyants respectueux d’eux-mêmes et des autres, étaient désireux de se lever pour protester au sein de l’unité nationale, contre la barbarie terroriste. Mais ils souhaitaient pouvoir le faire sans pour autant avoir à cautionner les
dérives de Charlie Hebdo. Face à l’horreur du crime qui a été commis et dont, entre autres, les collaborateurs de Charlie Hebdo ont été les victimes, ils étaient même prêts à pardonner et à oublier les offenses qui leur avaient été faites, pour fraterniser avec leurs auteurs. Cependant, à ces croyants et à ces hommes de bonne volonté, il demeurait impossible de dire : « Je suis Charlie ».  Vous pouvez pardonner à celui qui a injurié, humilié, traîné dans la boue ce que vous avez de plus cher, mais vous ne pouvez pas vous identifier à lui. Cela, le président Hollande aurait dû le comprendre. Et il aurait dû, a minima, réfréner l’usage du slogan « Je suis Charlie » dans le cadre de la manifestation d’unité nationale, et l’interdire dans le cadre des services publics, notamment de radio et de télévision, au motif que ces services sont le bien commun de tous les Français. En ne le faisant pas, M. Hollande a accepté que soient d’une certaine manière exclus de l’unité nationale beaucoup d’hommes et de femmes simplement respectueux d’eux-mêmes. Il a pris aussi une terrible responsabilité à l’égard de nos compatriotes de confession musulmane. Il faut bien comprendre que ceux-ci ne pouvaient prendre leur place dans l’unité nationale, qu’à la condition qu’on leur permît de manifester l’horreur que leur inspirent les crimes terroristes, tout en ne cautionnant en rien ceux qui ont injurié leur prophète et blasphémé leur Dieu. Sous la pression, beaucoup ont cédé au diktat politique et médiatique qui les forçait à porter un slogan équivalent pour eux à « Je suis un blasphémateur ». Mais l’émotion et la pression passées, nos compatriotes musulmans vont prendre conscience du piège dans lequel on les a fait tomber. Il est à craindre qu’alors nous assisterons à leur radicalisation massive. M. Hollande en portera toute la responsabilité devant l’histoire.

 

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